Le 11 octobre 2025, plus de 80 participants issus de différents pays africains ont pris part à une conférence en ligne organisée par l’association YASSA (Youth Alliance for Sustainable Solutions for Africa).
Au cœur des échanges, un thème décisif pour l’avenir économique du continent :
« L’Ère des champions bancaires africains : transformer le retrait des banques occidentales en levier de développement stratégique. »
Animée par Adama Wade, directeur de publication de Financial Afrik, la rencontre a réuni trois grandes figures du secteur bancaire africain : Dr Gervais Atta (Atlantic Group), Daouda Coulibaly (Attijari West Africa) et Fabrice Vossah(Vista Bank France). Ensemble, ils ont débattu des enjeux de la souveraineté financière, de la digitalisation et du rôle croissant des banques locales dans un contexte de recomposition du paysage économique africain.
Un tournant historique pour la finance africaine
Dès l’ouverture, le ton était donné : le retrait progressif des grandes banques européennes d’Afrique n’est pas une perte, mais une opportunité historique.
« Ce n’est pas la fin, mais le début de la souveraineté financière africaine », a déclaré Dr Atta, appelant à la consolidation des institutions du continent.
Pour Daouda Coulibaly, la clé réside dans la gouvernance : « Il faut transformer ces rachats en bijoux et apprendre à bien gérer nos propres structures. »
Vers un modèle bancaire africain durable
Les intervenants ont souligné l’urgence de bâtir un modèle bancaire africain fondé sur trois piliers : la digitalisation, l’inclusion financière et l’ingénierie locale.
La digitalisation, moteur de cette transformation, révolutionne déjà les usages : ouverture de comptes à distance, paiements instantanés, interopérabilité monétaire au sein de la zone UEMOA.
« Avant, une transaction entre le Togo et la Côte d’Ivoire prenait 48 heures ; aujourd’hui, elle est instantanée », a illustré Fabrice Vossah.
Cependant, cette évolution suppose une éducation numérique et des infrastructures accessibles à tous, rappelle Dr Atta, afin de garantir une inclusion véritablement équitable.
Le financement des PME, enjeu central
Le financement des PME africaines demeure un défi majeur. Malgré leur rôle moteur dans la croissance et l’emploi, elles peinent encore à accéder au crédit.
Selon Daouda Coulibaly, « le coût du risque est la clé : plus les PME seront structurées, plus les taux baisseront ».
Les panélistes ont plaidé pour la mise en place d’outils de garantie et d’un accompagnement technique renforcé, afin de restaurer la confiance entre les banques et les entrepreneurs.
Nouvelle géopolitique bancaire : choisir plutôt que subir
Dans un contexte marqué par la montée en puissance de la Chine et du Moyen-Orient dans les secteurs financiers africains, les intervenants appellent à une approche lucide et proactive.
« Nous n’avons pas besoin d’attendre, mais de choisir nos partenariats », a souligné Fabrice Vossah, insistant sur la nécessité d’une stratégie d’alliances maîtrisée.
Pour Dr Atta, la priorité reste la consolidation du secteur bancaire africain, encore trop fragmenté pour financer des projets structurants à l’échelle continentale.
La jeunesse africaine au cœur de la transformation
En conclusion, les intervenants ont adressé un message fort à la jeunesse africaine : se former, anticiper et participer activement à la construction d’une Afrique économiquement souveraine.
« Le retrait des banques européennes n’est pas une perte, c’est notre chance », a résumé Dr Atta avec conviction.
Cette conférence, organisée par YASSA, a confirmé une réalité désormais évidente :
l’Afrique n’assiste plus à sa transformation, elle en est l’actrice principale.
L’Equipe de YASSA