C’est en marge de la « Conférence de la paix » qui s’est ouverte lundi 13 octobre à Charm el-Cheikh, en Égypte, avec la signature d’un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, parrainé par les États-Unis, le Qatar et la Turquie, que Donald Trump a une nouvelle fois captivé l’attention, transformant un sommet diplomatique en tribune personnelle.
Arrivé directement de la Knesset, le Parlement israélien, où il venait d’être ovationné et salué comme “le plus grand ami d’Israël que la Maison-Blanche ait jamais connu”, le président américain s’est présenté à Charm el-Cheikh en libérateur triomphant, sûr de son prestige. À peine installé, il fixe l’assemblée et déclare sans détour : “Je suis le seul qui compte.” Une phrase qui résume l’esprit du moment. En passant en revue la liste de ses “amis”, Trump commence par Viktor Orbán : “J’aime Viktor. Je sais que beaucoup ne sont pas d’accord avec moi, mais je suis le seul qui compte.” Le ton est donné : la diplomatie version Trump se conjugue à la première personne.
Recep Tayyip Erdogan est célébré pour “diriger l’une des plus puissantes armées du monde”. L’hôte du sommet, Abdel Fattah al-Sissi, est gratifié du titre de “grand ami” et félicité pour son “taux de criminalité parmi les plus bas du monde” — une comparaison que Trump exploite volontiers pour fustiger les “gouverneurs américains irresponsables” qui, selon lui, “ont laissé la criminalité exploser”.
La Première ministre italienne Giorgia Meloni, seule femme dans cette assemblée, se voit complimentée pour sa “beauté” : “Je sais qu’aux États-Unis, cela aurait mis fin à votre carrière, mais je vais tenter ma chance”, glisse Trump, mi-ironique, mi-provocateur. Puis, rayonnant, il se tourne vers le prince Sheikh Mansour ben Zayed Al Nahyan, vice-Premier ministre des Émirats arabes unis et propriétaire du club de football Manchester City. “You have lovely shoes,” lance Trump dans un sourire, avant de pointer le prince du doigt : “A lot of cash, bundles of cash.” Soit, en français : “Beaucoup d’argent, des liasses et des liasses de billets.” Rires crispés dans la salle. Le milliardaire américain, fidèle à lui-même, conjugue flatterie, humour et fascination pour la richesse avec un aplomb déconcertant.
Le Premier ministre irakien Mohammed Shia’ al-Sudani n’échappe pas à la pique : “Un homme qui a beaucoup de pétrole et ne sait pas quoi en faire.” Quant au Britannique Keir Starmer, Trump s’amuse de la posture traditionnelle du Royaume-Uni : “Où est le représentant britannique ?” — “Juste derrière vous, comme d’habitude”, répond Starmer. “Merci d’être venu, mais retournez à votre place naturelle : dans l’ombre du Grand Homme.”
Emmanuel Macron, lui, choisit de rester assis dans le public. “Je n’en reviens pas ! Tu choisis une approche discrète aujourd’hui ? Je t’imaginais derrière moi”, s’exclame Trump, feignant la surprise.
Et pour conclure cette scène diplomatique digne d’une satire, le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif entonne un chapelet de remerciements à la gloire du président américain : “Sans lui et sa merveilleuse équipe, une guerre dévastatrice aurait éclaté entre l’Inde et le Pakistan. L’Histoire a immortalisé son nom en lettres d’or. Que Dieu le bénisse et lui accorde une longue vie pour continuer à servir son pays et la nation tout entière.” L’emphase de Sharif achève de parfaire la mise en scène : Trump sourit, visiblement comblé.
À Charm el-Cheikh, en cette soirée où la paix diplomatique vire à la parade, il est bien le seul qui compte — du moins à ses yeux.