Organisateur du Forum AfroGlobal Connect, Thione Niang voit en la Guinée bien plus qu’un pays en reconstruction : un symbole de renaissance africaine. Dans cet entretien exclusif accordé à Financial Afrik, l’entrepreneur et fondateur d’AfroGlobal Connect partage sa conviction profonde : la Guinée est prête à incarner le réveil d’un géant, à la croisée de l’ambition politique, de la jeunesse et du capital humain.
Propos recueillis par Dia El Hadji Ibrahima
⸻
Financial Afrik : Vous avez parcouru plusieurs continents avant de lancer AfroGlobal Connect. Comment est née cette initiative ?
Thione Niang : Après un long tour à travers 17 pays en Amérique, en Europe, en Asie et en Afrique, à la rencontre de notre diaspora, j’ai compris une chose : le développement du continent passe par la collaboration entre l’Afrique et ses enfants à l’étranger.
De cette conviction est née AfroGlobal Connect, une plateforme qui rapproche investisseurs, décideurs, jeunes et diaspora autour de projets concrets.
Et c’est en Guinée que cette vision prend tout son sens. Le pays est à un tournant historique, porté par une jeunesse dynamique, des réformes ambitieuses et une volonté d’ouverture. La Guinée est aujourd’hui l’un des meilleurs endroits d’Afrique pour passer de l’intention à l’investissement.
Ce week-end du samedi 4 octobre , la Guinée a accueilli à Conakry des investisseurs, des décideurs, la diaspora et des leaders venus des quatre coins du monde — tous réunis pour bâtir l’avenir d’une Guinée qui croit en elle-même et investit dans sa propre réussite.
Sous le thème “Impact Investing in Guinea”, cette rencontre a marqué un tournant historique : celui d’une génération de bâtisseurs décidée à transformer les richesses du pays en croissance durable, en emplois et en dignité.
⸻
Pourquoi avoir choisi la Guinée ?
Je suis en Guinée parce que j’ai vu de mes yeux ce qui se construit ici. La vision du Président Mamadi Doumbouya est claire, les priorités sont définies, et tout est mis en place pour réussir. Le pays s’ouvre au monde tout en gardant la maîtrise de son destin.
J’ai rencontré un leadership qui sait où il va, avec des résultats visibles : la notation B+ obtenue récemment auprès de Standard & Poor’s confirme la confiance des marchés.
Avec une dette publique maîtrisée, équivalant à 36 % du PIB et sa propre monnaie, le franc guinéen, la Guinée illustre une rare souveraineté monétaire dans la région.
En trois ans, elle est devenue la deuxième puissance économique francophone d’Afrique de l’Ouest — fruit d’une politique de refondation menée avec rigueur et courage.
Comment évaluez-vous la vision économique du gouvernement ?
Sous l’impulsion du Président Doumbouya et du Ministre Djiba Diakité, la Guinée avance avec méthode. La création du Fonds Souverain de Guinée, les réformes structurelles pour attirer les investissements, les politiques industrielles visant à transformer localement les ressources, ainsi que la Simandou Academy dédiée au capital humain, traduisent une vision cohérente : poser les bases d’une souveraineté économique durable.
Simandou 2040 est souvent cité comme un projet phare. Quelle est votre lecture ?
Le mégaprojet Simandou, estimé à 20 milliards de dollars, avec plus de 8 milliards de tonnes de minerai de fer à 65 % de pureté, est bien plus qu’un projet minier.
C’est un levier de transformation régionale et un symbole de co-développement.
Le programme Simandou 2040 vise à réinvestir les revenus du minerai dans l’agriculture, l’éducation, les infrastructures et la finance.
Et avec la Simandou Academy, le gouvernement investit dans l’avenir : les jeunes seront formés pour devenir les ingénieurs, techniciens et leaders de demain.
Pourquoi considérez-vous Simandou comme un modèle de coopération internationale ?
Parce qu’il réunit, pour la première fois, des acteurs occidentaux et asiatiques sous une gouvernance commune — Rio Tinto, Baowu Steel, Winning Consortium et Chinalco — sous la coordination du Comité stratégique présidé par le Ministre Djiba Diakité.
La Compagnie du TransGuinéen (CTG) symbolise cette fusion entre rigueur, efficacité et leadership africain.
C’est le visage du nouvel équilibre mondial, où l’Afrique n’est plus spectatrice mais partenaire à part entière.
Quel rôle pour la jeunesse et la diaspora dans ce mouvement ?
La jeunesse guinéenne, qui représente plus de 70 % de la population, est la clé de tout.
Avec plus de 13 millions d’hectares de terres arables et des programmes comme Guinée+, le pays se dote d’un écosystème où innovation, agriculture et technologie se rejoignent. Quant à la diaspora, elle a un rôle stratégique : investir, transmettre, et revenir construire.
C’est pour cela qu’AfroGlobal Connect existe : créer des ponts entre ceux qui sont partis et ceux qui bâtissent ici.
Vous parlez souvent de “soft power africain”. Comment l’appliquez-vous concrètement ?
Je crois que le développement économique doit s’accompagner d’un travail sur notre image, nos récits et nos symboles.
Depuis plusieurs années, à travers mes initiatives médiatiques, je m’efforce de raconter l’Afrique autrement — une Afrique d’action, de dignité et de solutions.
Le “soft power”, c’est notre capacité à influencer le monde par nos histoires, nos réussites et notre culture.
Et c’est ici, en Guinée, que je vois un terrain idéal pour montrer cette Afrique qui avance, qui construit et qui inspire.
Un dernier mot ?
Sur les montagnes du Simandou, j’ai vu de mes yeux ce que l’Afrique peut devenir quand elle unit ses forces.
La Guinée prouve qu’avec une vision claire, des institutions solides, une monnaie souveraine et une jeunesse formée, le continent peut écrire sa propre histoire.
Simandou n’est pas qu’un projet minier. C’est le symbole d’une Afrique qui transforme, qui s’affirme et qui inspire.