Sanlam Maroc n’échappe pas au climat de recomposition qui agite le marché marocain de l’assurance. À fin juin 2025, l’assureur enregistre un chiffre d’affaires global en repli de 3%, conséquence directe du repositionnement stratégique de l’activité Vie. Le résultat net plonge à 169 millions de dirhams (≈17,4 M USD), contre 245 millions un an plus tôt (≈25,3 M USD), soit une baisse de 31%. La Non-Vie continue pourtant d’afficher une dynamique robuste, soutenue par l’Automobile et les Risques d’entreprise.
Les fonds propres atteignent 5 167 MDH (≈532 M USD), en hausse par rapport aux 5 024 MDH (≈518 M USD) de juin 2024. Une progression modeste (+2,8%), mais qui confirme la résilience du bilan malgré une rentabilité fragilisée.
Allianz en embuscade
Derrière les chiffres, l’enjeu est ailleurs : Sanlam Maroc se trouve au cœur du mécanisme de fusion entre Sanlam et Allianz à l’échelle africaine. L’opération, qui vise à bâtir un mastodonte panafricain de l’assurance, positionne le Maroc comme un marché pivot, à la fois stratégique et sensible. Les discussions avec l’ACAPS révèlent la volonté du régulateur de contrôler de près l’intégration. Il s’agit de garantir que les synergies financières et commerciales annoncées ne se traduisent pas par une concentration excessive au détriment de la concurrence et des assurés.
Une cession qui interroge
Dans ce contexte, la vente d’une partie du réseau d’agences de Sanlam à Wafa Assurance est loin d’être anecdotique. Officiellement présentée comme une opération de rationalisation, elle traduit en réalité la volonté de Sanlam de se délester d’actifs jugés périphériques afin de se concentrer sur les segments à forte valeur ajoutée, notamment l’assurance entreprise et la bancassurance. Pour Wafa, leader du marché, cette acquisition constitue une occasion d’élargir son maillage territorial et de renforcer sa domination dans la distribution.
Les dessous stratégiques
Selon plusieurs observateurs, la double manœuvre — rapprochement avec Allianz et cession à Wafa — illustre une reconfiguration en profondeur du paysage marocain de l’assurance. Sanlam cherche à sécuriser sa place dans la nouvelle architecture régionale, tout en préservant ses marges face à une concurrence accrue. Mais la pression est forte : la baisse de 31% du résultat net envoie un signal clair aux marchés. Les investisseurs attendent désormais la preuve que la fusion et la réallocation d’actifs permettront de renouer avec une trajectoire de croissance durable.