Djibouti, 30 septembre 2025 – Selon un communiqué de la présidence parvenu à Financial Afrik, la République de Djibouti a remporté une victoire décisive contre l’opérateur émirati DP World devant la London Court of International Arbitration (LCIA). Dans une sentence rendue le 29 septembre, le tribunal a rejeté dans leur intégralité les demandes de DP World, qui réclamait près d’un milliard de dollars à Port de Djibouti SA (PDSA).
Le différend remonte à février 2018, lorsque Djibouti a décidé unilatéralement de mettre fin à la concession du terminal à conteneurs de Doraleh, attribuée en 2006 à DP World. Cette résiliation avait déclenché une série de procédures devant plusieurs juridictions internationales, l’opérateur portuaire accusant l’État djiboutien de rupture abusive. Entre 2018 et 2022, plusieurs sentences arbitrales avaient déjà été rendues, certaines favorables à DP World. Djibouti, de son côté, a toujours soutenu que la décision relevait de sa souveraineté nationale sur des infrastructures stratégiques.
📌 Encadré – Chronologie du différend Doraleh
- 2006 : Signature de la concession entre Djibouti et DP World pour la gestion du terminal à conteneurs de Doraleh.
- 2012–2017 : Premières tensions autour des conditions contractuelles jugées déséquilibrées.
- Février 2018 : Djibouti met fin unilatéralement à la concession, invoquant l’intérêt général et la souveraineté.
- 2018–2022 : Plusieurs sentences arbitrales de la LCIA favorisent DP World, qui réclame d’importants dédommagements.
- 2021 : Création de la Société de Gestion du Terminal à conteneurs de Doraleh (SGTD), accusée par DP World de capter ses actifs.
- 2022–2024 : Bras de fer judiciaire et diplomatique, Djibouti affirme que ses ports sont des infrastructures stratégiques.
- 29 septembre 2025 : La LCIA rejette une demande de près d’un milliard USD de DP World, exonère PDSA de toute responsabilité et condamne l’opérateur émirati à verser 1,85 million USD pour les frais de défense.
Dans son jugement, le juge arbitral a confirmé que la résiliation relevait d’un acte souverain de l’État djiboutien, et qu’en conséquence PDSA, entité de droit privé, n’avait aucune responsabilité dans les « pertes » invoquées par DP World. Le tribunal a en outre condamné l’opérateur émirati à supporter l’intégralité des frais d’arbitrage.
Cette décision, présentée par Djibouti comme un tournant, réaffirme ses droits légitimes et met en échec « la stratégie de recours abusifs et de pressions médiatiques » engagée par DP World, souligne la présidence.
Le gouvernement djiboutien insiste une nouvelle fois : seul un accord direct entre DP World et la République de Djibouti, conciliant les intérêts communs tout en préservant la souveraineté nationale, pourra mettre un terme définitif à ce long conflit.