Propos recueillis par Mayo Sow, Nouakchott.
Madame Mehla Ahmed Talebna , La présidente de l’Observatoire mauritanien des droits des femmes et des filles, incarne une voix engagée pour l’égalité et l’autonomisation des femmes en Mauritanie et en Afrique. Son parcours, marqué par une enfance modeste au Sénégal, l’a sensibilisée très tôt aux réalités de la polygamie, du mariage précoce et des violences subies par les femmes. Ayant elle-même connu les défis d’une jeune fille mère puis d’une fonctionnaire divorcée assumant seule ses enfants, elle a construit une trajectoire militante fondée sur la conviction que l’éducation et l’autonomie sont les clés de l’avenir des filles.
Nommée à la tête de l’Observatoire national des droits des femmes et des filles en 2020, elle œuvre avec une équipe mixte mais largement féminine. Sa stratégie repose sur le plaidoyer, la communication et la sensibilisation, notamment dans les zones rurales. L’objectif est de faire comprendre que l’éducation des filles et la participation des femmes dans la vie publique et économique sont essentielles au développement du pays.
ehla Ahmed Talebna insiste sur un constat : si la Mauritanie et de nombreux pays africains disposent de lois protectrices, le vrai défi reste leur application effective. Elle appelle à prolonger la scolarisation des filles au moins jusqu’à 16 ans, à retarder l’âge du mariage et à ouvrir davantage de postes électifs et administratifs aux femmes.
Mehla Ahmed Talebna cite comme exemple inspirant Fatimata Dembélé, mère du footballeur Ousmane Dembélé, symbole de résilience et de leadership. Elle rappelle que toutes les femmes africaines partagent les mêmes aspirations et défis, et que la réussite du continent ne peut se faire sans leur implication active.
En conclusion, Mehla Ahmed Talebna adresse trois messages :
- Aux autorités : améliorer la gouvernance et veiller à l’application réelle des lois en faveur des femmes.
- À la société civile : s’organiser et agir avec sérieux, au-delà des intérêts personnels.
- Aux jeunes filles : croire en leurs rêves, poursuivre leurs études et refuser les mariages précoces.
Enfin, elle interpelle les hommes : l’autonomisation des femmes ne diminue pas leur rôle, mais renforce la famille et la société tout entière.