La première édition du Structured Finance Africa Forum (SFA) s’est ouverte ce jeudi 25 septembre à Dakar autour du thème : « Innovations financières et transformation structurelle des économies africaines : titrisation, financements durables et souveraineté ». Co-organisé par Invictus Capital & Finance, KF Titrisation et Développent Finance Advisory (DFA), l’événement met en lumière la question du déficit de financement qui freine les ambitions de développement du continent, tout en dessinant des pistes pour y remédier.
Déficit colossal
Selon les experts présents, l’Afrique doit aujourd’hui répondre à un triple besoin de financement. D’une part, combler un déficit annuel de plus de 100 milliards de dollars pour ses infrastructures. D’autre part, soutenir et renforcer son tissu productif, constitué majoritairement de PME dont l’accès au crédit reste limité. Enfin, il s’agit de refinancer durablement une dette publique qui pèse de plus en plus lourd sur les budgets nationaux. Au total, les besoins de financement du continent excèdent 130 milliards de dollars par an, un constat jugé alarmant par les intervenants.

Pour Badanam Patoki, président de l’AMF-UMOA, ce tableau doit toutefois être nuancé par la prise en compte d’opportunités considérables. Il cite notamment une épargne locale en progression constante, une diaspora dynamique et prête à participer davantage au développement, ainsi qu’une capacité appréciable de financement détenue par les investisseurs institutionnels africains.
À titre d’exemple, l’Africa Finance Corporation (AFC) estime que le continent dispose de quelque 4 000 milliards de dollars au sein d’institutions domestiques comme les fonds de pension et les fonds souverains. À cela s’ajoutent une jeunesse entreprenante qui invente chaque jour de nouveaux modèles économiques et des instruments financiers novateurs, tels que la titrisation, la finance islamique et la finance durable, qui démontrent déjà leur efficacité. Mais, prévient-il, « aucune transformation durable ne sera possible sans des réformes structurelles profondes, incluant une refonte du secteur financier. »
Les financements structurés au cœur des solutions
Dans ce contexte, les financements structurés apparaissent comme une solution incontournable. Ils permettent de mutualiser les risques, d’allonger les maturités et de mobiliser le capital privé à grande échelle, en combinant différents instruments comme la titrisation, les partenariats public-privé, les financements climatiques ou encore le trade finance garanti. « Nous avons une responsabilité : inventer de nouvelles approches. Le financement structuré constitue une voie crédible pour bâtir une architecture financière africaine plus robuste », a insisté Isaac Mbaye, directeur général d’Invictus Capital & Finance.
Le ministre sénégalais des Finances et du Budget, Cheikh Diba, a pour sa part appelé à une mobilisation collective. « Seule la complémentarité entre États, banques, investisseurs, entreprises privées et partenaires peut permettre de mettre en œuvre des solutions durables et adaptées aux réalités africaines », a-t-il déclaré. Avant de conclure : « À travers ce Forum, l’ambition est claire : passer du constat à l’action. Ensemble, nous devons bâtir un environnement crédible et attractif, favorable à l’innovation et à la souveraineté financière de nos États. »