Une presse libre et indépendante demeure un pilier fondamental de toute démocratie, sur la Grande Île comme ailleurs. Le pouvoir politique doit assurer aux journalistes les moyens d’exercer sereinement leur profession, dans le respect de principes compris et partagés par tous.
- Par Volamiranty Donna Mara, ministre de la communication et de la culture de Madagascar
Pas de démocratie qui tienne sans une presse libre, indépendante et qui dispose des moyens – matériels, humains, légaux – d’informer. Ce principe, hérité d’une longue tradition à laquelle notre île souscrit pleinement depuis plus d’un siècle et demi, est constitutif de la vie démocratique malgache. Il est, à ce titre, gravé dans le marbre de notre Constitution, dont l’article 11 stipule que « tout individu a droit à l’information », que « la liberté d’information, quel qu’en soit le support, est un droit » et que « toute forme de censure est interdite ».
Pleinement intégrée dans la communauté internationale, Madagascar est également signataire d’un certain nombre de traités qui protègent les journalistes et leur travail. Ainsi de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, de la Charte de Munich, de la Charte africaine des Droits de l’homme et des peuples ou encore du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Autant d’engagements qui, parce qu’ils ont été dûment ratifiés par Madagascar, s’imposent aux juges malgaches.
Encourager le pluralisme et la pluralité des médias
Mais un texte, fut-il doté d’un caractère constitutionnel ou supra-national, n’a de valeur que s’il est suivi d’effets, et si les responsables politiques lui confèrent les moyens d’être appliqué. C’est pourquoi je tiens à l’affirmer ici avec toute la force nécessaire : Madagascar a toujours protégé, protège et protégera toujours les journalistes malgaches, comme les correspondants internationaux, qui travaillent dans notre pays. Je veux témoigner de ce qu’avec le président Andry Rajoelina, nous avons toujours favorisé, et même encouragé, le pluralisme et la pluralité des médias et des journalistes sur notre île.
Et ce pour une bonne raison. Quand il repose sur les faits, le travail des journalistes est absolument indispensable pour présenter Madagascar de manière objective, impartiale et ancrée sur le terrain. Comme l’a démontré le récent succès du 45e Sommet de la SADC à Antananarivo, la Grande Île se développe, ses infrastructures se modernisent, son économie accélère, tout comme sa transition écologique. Les médias et journalistes sont une chambre d’écho incontournable pour donner la visibilité qu’ils méritent aux succès malgaches, et ce à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières.
Un cadre clair et transparent pour que s’exerce le « quatrième pouvoir »
Nécessaire « quatrième pouvoir », la presse est et doit rester libre – mais cela ne signifie pas que les journalistes ont la liberté de tout dire, tout écrire, sans respecter un cadre juridique spécifique. Ce cadre existe à Madagascar : il a été formalisé à l’occasion de l’adoption de la loi n°2016-029 portant Code de la communication médiatisée. Si celui-ci stipule que « l’information (…) n’est soumise à aucune contrainte préalable » (article 6), le Code malgache détaille également les « devoirs et obligations incombant aux journalistes ». Au premier rang desquels l’obligation de « respecter les faits » (article 58), la diffusion de fausses nouvelles étant, quant à elle, punie d’une amende pouvant atteindre 6 millions d’ariarys.
C’est dans ce cadre clair et transparent, voté par le législateur, que se déploie la liberté d’informer. Non sans succès, si l’on en juge par la multiplication, à Madagascar, des stations de radio, chaînes de télévision et journaux papier et en ligne depuis plusieurs années. Il convient également de rappeler l’existence, depuis 1974, d’un Ordre des journalistes, de même que la dépénalisation des délits de presse depuis l’adoption de la loi de 2016. Je tiens enfin à réaffirmer qu’à Madagascar, aucun journaliste n’est injustement poursuivi ou condamné pour des faits liés à son activité professionnelle ; bien des pays ne peuvent en dire autant.
La démocratie est le baromètre de la liberté
Est-ce à dire que le paysage médiatique malgache et la liberté de la presse sur notre île sont sans reproche ? Non, sans doute pas : il est, toujours, possible de mieux faire, et la liberté de la presse est et sera toujours un combat de tous les instants – sur la Grande Île comme ailleurs. Ainsi, le recul de Madagascar dans le classement établi chaque année par Reporters sans frontières (RSF) est-il à mettre en perspective avec le recul, concomitant, de 111 pays sur les 180 classés par l’ONG – soit pas moins de six pays sur dix dans le monde.
Loin de moi, cependant, l’idée de relativiser les problématiques, réelles, que rencontrent les médias et journalistes sur notre territoire. Ces derniers évoluent, comme leurs confrères dans un certain nombre de démocraties occidentales, dans un paysage particulièrement polarisé et politisé, qui peut contribuer à exacerber certaines tendances délétères. C’est pourquoi nous nous attacherons toujours, avec le président Andry Rajoelina, à travailler de concert avec la profession pour lui donner les moyens de remplir sereinement ses missions, dans le respect de règles mutuellement acceptées. Parce que, comme le disait Thomas Jefferson, « la presse est le baromètre de la liberté ».