«En consolidant les pôles Banque et Assurance sous des structures dédiées, le groupe NSIA se dote d’une architecture agile »
Dans cet entretien exclusif accordé à Financial Afrik, Léonce Yacé, Directeur Général de NSIA Banque Côte d’Ivoire, revient sur les récentes évolutions capitalistiques du groupe, la mise en place d’une nouvelle architecture de gouvernance, et les ambitions de croissance dans la zone CEMAC. L’occasion aussi d’évoquer la vision du groupe en matière de bancassurance, sa solidité financière face aux exigences réglementaires, et son ancrage résolu dans une identité africaine assumée.
Monsieur YACE, après le retrait des actionnaires canadiens, peut-on faire un point clair sur la nouvelle structure du capital de NSIA Banque Côte d’Ivoire et de NSIA Assurances ? Quelles en sont les principales évolutions ?
L’opération de rachats d’actions, précédemment détenues par nos partenaires canadiens (BNC) et français (AMETHIS), a spécifiquement concerné NSIA Participations, notre holding d’investissement. Il est impératif de souligner que cette transaction n’a eu aucune incidence directe sur la structure capitalistique de NSIA Banque Côte d’Ivoire ni sur celle des autres filiales du Groupe, NSIA Assurances incluse. Par conséquent, l’actionnariat de nos filiales opérationnelles demeure inchangé à la suite de cette opération stratégique.
Des sources évoquent la création d’une holding unique pour chapeauter l’ensemble des activités bancaires et assurantielles du groupe. Qu’en est-il exactement ? Cette restructuration est-elle effective et quels sont ses objectifs stratégiques ?
Effectivement, le Groupe NSIA est actuellement engagé dans une phase de restructuration stratégique. Les deux holdings existantes, NSIA Participations et Manzi Finances, fusionneront pour former une seule holding de tête, qui conservera la dénomination NSIA Participations. Ensuite interviendra dans la foulée la création de deux sous-holdings opérationnelles, l’une dédiée au secteur bancaire, regroupant les banques, sociétés de gestion et métiers connexes, et l’autre dédiée au secteur des assurances, couvrant Vie et IARD.
L’objectif est multiple. Tout d’abord, optimiser la supervision réglementaire de chaque branche à travers des entités spécialisées et renforcer les synergies transverses, en tirant profit des expertises croisées des deux métiers. Puis, clarifier les responsabilités et la gouvernance interne, permettant une meilleure réactivité et une efficacité opérationnelle. Cette structure est déjà entérinée juridiquement. NSIA Participations absorbera Manzi Finances, et les nouvelles entités seront formalisées dans les prochains mois. Sur le plan stratégique, cette réforme vise à simplifier le pilotage global du groupe et à assurer une conformité renforcée vis-à-vis des exigences réglementaires bancaires et assurantielles.
En consolidant les pôles Banque et Assurance sous des structures dédiées, le groupe se dote d’une architecture agile, transparente et parfaitement alignée avec ses ambitions de croissance panafricaine.
Avec ce nouveau schéma de gouvernance, comment envisagez-vous l’évolution du modèle de bancassurance chez NSIA ? Sera-t-il renforcé ou recentré, notamment face à la concurrence régionale ?
La bancassurance est intrinsèquement liée à l’ADN du Groupe NSIA, une synergie qui tire ses racines de la riche expérience de notre fondateur, M. Jean KACOU DIAGOU. Nous sommes fiers de le reconnaître comme l’un des pionniers de ce modèle intégré dans la zone CIMA. Ce nouveau modèle de gouvernance ne fera que consolider et intensifier les axes de collaboration et de synergie entre nos deux pôles d’activités majeurs. Notre ambition est de procurer à notre clientèle une offre bancaire complète, innovante et parfaitement adaptée à leurs besoins, tout en leur garantissant une sécurité et un accompagnement de premier ordre. Le renforcement de notre modèle de bancassurance est une réponse stratégique et proactive à l’intensification de la concurrence régionale, en capitalisant sur notre approche intégrée et notre connaissance approfondie du marché.
NSIA a toujours mis en avant une identité africaine forte. Comment cette identité s’exprime-t-elle aujourd’hui dans le positionnement du groupe ? Et comment concilier cette ambition panafricaine avec les exigences de rentabilité dans un contexte de forte régulation ?
Le Groupe NSIA a construit son identité africaine sur une présence solide dans des secteurs sous-exploités par les acteurs locaux. Cette identité s’exprime au quotidien par une approche locale combinant respect strict des réglementations nationales et offres conçues pour répondre aux besoins de nos clients. Aujourd’hui, cette ambition prend une dimension panafricaine avec le renforcement de notre pôle bancaire.
Concrètement, nous ancrons notre stratégie au travers de partenariats robustes avec des institutions africaines et internationales qui partagent notre vision d’un développement durable, inclusif et rentable. Ces alliances nous permettent d’optimiser la conformité réglementaire (ratios prudentiels, normes comptables, exigences de gouvernance), tout en déployant des produits et services adaptés aux spécificités des marchés locaux.
Dans ce contexte, la question de la rentabilité ne se pose plus en opposition à notre identité africaine, mais s’y inscrit. En structurant chaque nouvelle entité autour de modèles équilibrés (respect des ratios financiers, efficience opérationnelle, diversification de l’offre), nous assurons une croissance viable. Notre dispositif se base sur les meilleures pratiques en matière de pilotage des risques et de suivi des performances, posant ainsi les conditions d’un ancrage durable, rentable et parfaitement conforme, de la Côte d’Ivoire à l’ensemble de nos pays d’implantation.
Peut-on s’attendre à une accélération de votre expansion dans la zone CEMAC ou d’autres régions du continent ? Avez-vous des projets concrets en cours dans cette direction ?
Effectivement. La zone CEMAC constitue un axe stratégique majeur pour le développement de notre pôle bancaire. Nous y disposons d’une expérience solide, notamment par nos compagnies d’Assurance Vie et IARD implantées depuis de nombreuses années. En outre, le cadre institutionnel de la région, notamment BEAC, COBAC et COSUMAF, offre un socle réglementaire proche du nôtre.
Nous explorons actuellement plusieurs pistes d’expansion en étroite concertation avec les autorités nationales et monétaires compétentes. L’objectif est de structurer des filiales pleinement capitalisées, alignées sur les exigences prudentielles CEMAC, et en phase avec les besoins spécifiques de ces marchés.
Notre ambition est que chacune de ces entités affiche une performance durable, conjugue conformité réglementaire et pertinence locale, tout en participant activement à l’inclusion financière et à la stabilité du secteur dans cette région en pleine mutation.
Enfin, dans plusieurs pays, les autorités de régulation ont relevé les exigences de capital minimum pour les banques et les compagnies d’assurance. Où en sont les filiales de NSIA à ce sujet ? Le groupe a-t-il procédé aux ajustements nécessaires ?
Concernant notre pôle bancaire, je suis en mesure de confirmer que tous nos établissements sont aujourd’hui en totale conformité avec les exigences de capital minimum définies par les autorités de régulation. Le respect scrupuleux des exigences réglementaires constitue une priorité absolue pour notre Groupe, au même titre que la satisfaction de notre clientèle et la quête d’une rentabilité durable.
Nous entendons maintenir cette rigueur, notamment à travers le projet de filialisation de notre succursale NSIA Banque Bénin au Sénégal. Cette future filiale sera capitalisée et structurée pour répondre à la dynamique exigeante du marché sénégalais, tant en matière de ratios prudentiels que de performance opérationnelle.
Du côté des assurances, c’est aussi l’ambition poursuivie par Mme Dominique DIAGOU, épouse EHILE, DG du pôle Assurances du Groupe NSIA. L’ensemble de nos compagnies respecte d’ores et déjà le capital social minimum de 3 milliards FCFA. Plus encore, la quasi-totalité de nos compagnies IARD est en avance sur la future exigence fixée à 5 milliards FCFA. Cette anticipation proactive confirme notre engagement à bâtir un groupe disposant d’une assise financière solide, d’une gouvernance alignée sur les meilleurs standards internationaux, tout en offrant des solutions adaptées aux attentes de nos clients.
Propos recueillis par Daniel Djagoué, Financial Afrik numéro 122.