L’exploitant minier Barrick Mining a retiré le complexe aurifère de Loulo-Gounkoto, au Mali, de ses prévisions de production pour 2025, selon des sources citées par l’agence Reuters. Une décision qui fait suite à un différend de plus de deux ans entre le groupe canadien et le gouvernement malien au sujet d’une nouvelle législation minière.
La crise malienne a déjà affecté les performances boursières de Barrick, dont les actions évoluent en deçà de celles de ses concurrents, et pourrait amputer jusqu’à 11 % de son EBITDA 2025 si la situation perdure.
Barrick a mis en pause son complexe aurifère au Mali, l’un de ses actifs africains les plus importants, depuis janvier, en raison du blocage des exportations d’or par les autorités maliennes, de la détention temporaire de membres du personnel, ainsi que de la saisie de trois tonnes de stock. Le complexe, détenu à 80 % par Barrick Mining et à 20 % par l’État malien, représente jusqu’à 14 % de la production mondiale du géant minier.
Ces mesures ont été prises dans le cadre de négociations tendues sur un nouveau contrat minier, alors que les deux parties convoitent des revenus potentiels d’environ 1 milliard de dollars, portés par les cours records de l’or.
En réponse aux autorités militaires, Barrick a lancé une procédure d’arbitrage international en décembre 2024. En mai, l’entreprise a demandé la suspension des procédures judiciaires maliennes devant la Cour d’arbitrage de la Banque mondiale. Parallèlement, le gouvernement malien, qui détient une participation dans le complexe, a saisi un tribunal national pour nommer un administrateur provisoire.
Malgré certaines concessions de Bamako, notamment l’autorisation exceptionnelle pour Barrick de rapatrier 20 % de ses bénéfices dans une banque étrangère, les négociations bloqent sur la juridiction applicable aux futurs litiges. Le Mali souhaite que ceux-ci soient traités localement, tandis que Barrick insiste sur un règlement par arbitrage international.
Troisième producteur d’or en Afrique, le Mali tire une part significative de ses revenus de l’exploitation minière. Depuis la prise de pouvoir par les autorités militaires en 2021, le pays a renforcé son contrôle sur les ressources naturelles, ce qui a toutefois entraîné une baisse notable de la production aurifère, passée de 66,5 tonnes en 2023 à 51 tonnes en 2024, soit une diminution de 23 %.