Au titre du transfert des fonds dormants, au 30 avril 2025, la Caisse de dépôts et de consignations du Cameroun (CDEC) déclare avoir perçu 83,5 milliards de FCFA (142,2 millions USD). Ce qui représente près de 21% des 400 milliards de FCFA (681,3 millions USD) attendus au cours de cette opération. C’est le directeur général de la CDEC, Richard Evina Obama, qui fait cette révélation au cours d’un entretien qu’il accordé à Cameroon Business Today, le magazine spécialisé en économie et finances de la Société de presse et d’édition du Cameroun (Sopecam), société éditrice du quotidien à capitaux publics Cameroon-tribune. Cette sortie médiatique intervient un an après l’ultimatum lancé par le Premier ministre camerounais, Joseph Dion Ngute, aux banques opérant au Cameroun.
Pour le DG de la CDEC, qui s’attendait à « au moins la moitié des 400 milliards FCFA initialement ciblés par la CDEC », cette contre-performance est le fait d’une « résistance globale des organismes censés transférer les fonds. […] Dans notre plan stratégique, on avait envisagé des statistiques qui auraient permis de disposer de bonnes marges de manœuvre. Malheureusement, des acteurs, comme ceux du secteur bancaire, n’ont pas joué le jeu ». Les entreprises des secteurs de l’eau, de l’électricité et de la téléphonie sont également dans le collimateur du DG de la CDEC qui les accuse d’être « réfractaires à transférer les cautions conventionnelles, les considérant comme des avances de consommation ».
Interdiction de la COBAC
Richard Evina Obama va plus loin. Il soupçonne les banques d’intelligence avec la Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC) afin d’interdire le transfert des avoirs en déshérence. Cette mesure du gendarme financier de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a, selon le DG de la CDEC, plombé l’opération. Si la CDEC reconnaissait que le régulateur avait pour missions, entre autres, de « superviser les activités des caisses de dépôts », elle lui contestait le fait de considérer ces entités comme des banques. Ces dissensions, malgré les échanges entre les deux parties, n’ont débouché sur « aucun consensus », révèle Richard Evina Obama. La délicatesse du sujet a amené la BEAC à le porter au niveau communautaire. Pour la banque centrale, il était question d’amener le Conseil des ministres en charge des finances des pays de la CEMAC à accéder à la demande la CDEC d’annuler l’interdiction du transfert des fonds dormants des banques vers les caisses de dépôts.
Pour rappel, les études préalables à la création de la CDEC ont révélé un potentiel de recouvrement des fonds dormants de 400 milliards de FCFA. Selon le DG de cette structure, l’intervention de la COBAC a réduit ses ambitions à un niveau non encore dévoilé.