Le verdict du procès Karim Wade tombe ce lundi 23 mars. Sauf renvoi, il s’agit du dénouement d’un interminable imbroglio commencé en avril 2013 avec l’interpellation de l’ancien ministre d’Etat, ministre de la Coopération et des Transports et sa mise à disposition de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI).
Lors de son interpellation, il était reproché au fils du président Wade des biens mal acquis d’une valeur de 794 milliards de FCFA (1,1 milliard d’euros) sous forme d’actifs détenus dans une quinzaine d’entreprises dont la filiale sénégalaise de DP World et la banque BMCE Capital alias Black Pearl. Les accusations portaient aussi sur des comptes dissimulés dans les zones offshores. Mais la plupart des commissions rogatoires envoyées dans ces milieux sont rentrées bredouilles.
De même, l’examen minutieux des entreprises suspectées appartenir à Karim Wade ne permettront pas d’apporter des preuves décisives. Du jour au lendemain, les montants sont revus à la baisse.
A l’énoncé du réquisitoire du procureur à la mi-février, il n’était plus reproché à celui que la presse locale surnomme «le ministre du ciel et de la terre» que 178 millions d’euros à prouver. Rappelons que Cheikh Tidiane Mara, procureur de la Cour de répression de l’enrichissement illicite, a requis «sept ans de prison ferme, 250 milliards de franc CFA d’amende» (plus de 380 millions d’euros) contre Karim Wade et l’application de l’article 34 du code pénal sénégalais qui prévoit une interdiction de droits civiques d’un prévenu condamné. Il a en outre réclamé une confiscation de ses biens.
En l’absence des preuves irréfutables, la condamnation de l’ancien quasi-homme fort du Sénégal pourrait difficilement échapper aux récupérations politiques et politiciennes qui tentent d’influencer l’opinion publique. D’autant qu’à 48 heures du verdict, Karim Wade a été investi candidat du parti démocratique sénégalais (PDS).
Cette désignation express prise le le 22 mars par 257 délégués contre 268 complique le dossier. Pour le moins, le célèbre pensionnaire de Rebeus ne sera pas le seul à attendre la sentence du juge Henri Grégoire Diop. Des militants de son parti prévoient de se rassembler devant le palais de justice de Dakar à l’appel de l’ancien président, Abdoulaye Wade, qui commentera la sentence à chaud.