Adama Wade
En l’espace de quelques semaine, Ecobank Transnational Incorporated a mobilisé 350 millions $, dont 200 millions $ obtenus de la Deutsche Bank, auxquels viennent s’ajouter 100 millions $ de la BEI. Qu’est-ce qui explique cette boulimie?
Au debut de l’année 2014, nous comparions Ecobank à l’armée napoléonienne dans la neige russe lors de la campagne de 1812. Sur 600 000 soldats français qui entrèrent à Moscou seuls 100 000 survécurent lors de la retraite qui inspira Henri Troyat dans sa fresque monumentale intitulée «La lumière des justes».
A West Point comme à Saint Cyr, deux écoles qui enseignent l’art de la guerre, l’on est d’accord sur le principe de l’unicité du front. Autrement dit, l’on ne peut pas se lancer tout azimut à la conquête des marchés ou des pays sans conséquences sur les troupes, leur ravitaillement et leur commandement.
Or ce sont ces principes si basiques dont le non respect causera la perte d’Alexandre le Grand qui ont été foulés au pied dans la trop fulgurante, trop spectaculaire et trop explosive expansion d’Ecobank entre 2009 et 2011.
L’ on a assisté à une course contre la montre engagée par l’ancien directeur général Arnold Ekpé pour diverses raisons. Le manager nigerian voulait marquer des esprits durablement, rappelant ainsi le capitaine du Titanic dans sa factice quête d’un record. En 2011, Arnold qui se savait sur le depart lança les acquisitions coûteuses d’Oceanic Bank au Nigeria et d’une banque au Ghana.
Entre temps, il scellera une union aux conséquences incalculables avec Nedbank, ce groupe sud-africain Alors à la recherche d’un ancrage ouest et centre-l’africain. Au final, la banque, engagée sur plusieurs fronts, a été obligée de procèder à des levées de fonds par augmentation de capital ou dettes. Si bien qu’Ecobank est devenue une multinationale contrôlée par des sud-africains (Nedbank et PIC), des Qataris (QNB), la SFI, la BEI et probablement la Deutsche Bank pour peu qu’une clause de reconversion accompagne le prêt consenti.
La question qui se pose est, naturellement, celle de la rentabilité nécessaire pour permettre de bien rémunérer les fonds propres et rembourser les dettes. Au vu des derniers resultats, il faut au moins 10 ans de dividendes pour rembourser un porteur d’actions, abstraction faite de toute plus value.
Face aux besoins de fonds (urgent pour les filiales du Nigeria et du Kenya), une restructuration du reseau n’est pas à exclue indique-t-on. De l’avis des analystes, le réseau de l’Afrique de l’Est merite une reconsidération. Il ne serait pas dramatique non plus de revoir tous les process d’Ecobank au Zimbabwe. Pourquoi ne pas faire la lumière sur l’acquisition d’Oceanic Bank ?
Bref, si le scénario d’une cure d’amaigrissement d’Ecobank est écarté, il restera toujours l’option de l’alliance capitalistique renforcée avec QNB (Nedbank, sauf à se couper une veine, n’ayant pas les moyens) supposant une acquisition d’un bloc majoritaire dans le capital. Pour le moment, aucune décision n’a été prise par Albert Essien, l’actuel directeur général dont le fauteuil fait l’objet de spéculations à Lomé et ailleurs.
3 commentaires
Merci infiniment Mr Wade pour votre article fort intéressant. Vos interrogations sur le modèle économique et la stratégie d’ECOBANK sont celle de nombreux observateurs
Cependant Votre comparaison se fonde sur l’art de la guerre ne me semble pas pertinent sur un point précis .il me semble que la stratégie se veut continentale mais avec un encrage un peu partout local .Donc on peut dire que cette banque est sur plusieurs front et non sur un front unique.
je souligne ceci en ajoutant la question fondamentale suivante pour relancer la discussion :Cette fameuse stratégie est de qui ? de ses administrateurs ou de son ancien DG ?
A mon humble avis cette stratégie est celle d’ekpe qui l’a conçut et mis en œuvre et qui pensait contrôler un jour cette Banque .La preuve il a tente de prendre le contrôle a travers Atlas Mara Aujourd’hui on constate que son plan a échoué et que c’est QNB qui lui a raflé la mise des 23%du capital.
J’espère qu’un jour on comprendra davantage la stratégie de cette banque car conçut et dérouler Par arnold Ekepe ; que Thierry tanoh n’a pu le porter et que Albert Essien essaie de réorienter sans marge de manœuvre car devant être admis a la retraite sous peu…
Ce n’est qu’après la crise de gouvernance que les administrateurs tentent de reprendre la main en recrutant des compétence capable de parachever les choses.et aussi , Voila mon petit grain de sel par rapport a votre article qui met l’accent sur la boulimie , les ambitions ,le niveau d’endettement, le sort de certaines filiales de cette banque .
Merci mille fois et maximum respect
Cher monsieur Tchyroll,
Nous vous remercions pour ce complément d’informations. Dans le fond, comment Arnold Ekpe a-t-il pu engager la banque sans le soutien du conseil d’administration, de l’assemblée générale et du management? Il est vrai qu’il a essayé à travers Atlas Mara de revenir à la charge sans succès. Il reste néanmoins premier actionnaire individuel de la banque, avec quelques antennes encore bien en place.
Cordiales salutations
La Rédaction
il peut être classer dans la catégorie des BANKSTER…
c est pourquoi ;je fais un appel de pied à votre rédaction aux lecteurs, experts , historiens et autres pour apporter des grains de sel à cette discussion que vous avez ouverte pour élucider le mystere caché dans la stratégie de cette bnaque et également trouver le syndrome qui pourrait qualifier le cas ecobank ….
Comment Arnold Ekpe a-t-il pu engager la banque sans le soutien du conseil d’administration, de l’assemblée générale et du management?
That’s the question. En guise de réponse je retiendrais que cet homme est un BANKSTER!
Il faut reconnaitre que c’est un génie un orfèvre mais qui est sur certains cotés malhonnête
J’avoue ; j’ai cherché dans les annales de l’industrie bancaire une telle stratégie en vain. Aucune banque au monde n’a été crée sur ce modèle économique et cette stratégie .en tout cas il a mis en place une stratégie que lui seul comprend pour ses interet et celui de ses héritier. N’oublier pas qu’il avait quitté le navire avant de revenir en force il a eu le temps de murir son coup
En 2008, lors de la recapitalisation nombreux sont ceux qui disait que c’est une arnaque sans y investir un sous depuis les petits actionnaires sont entrain de trinquer…
Ecobank est et restera un serpent des Mers on verra du tout avec cette banque pour longtemps encore.qui finira par en obtenir le contrôle ?
Toutefois il est heureux qu’il soit mis hors d’influence sur le devenir de la banque .j’espère que les nouveaux administrateurs ont tout compris pour redresser la barre.
WAIT AND SEE !