En 2O20, si l’évolution personnelle est possible, revoyons la vulnérabilité
En anglais, on dit « when going gets tough, the tough gets going » ; avec le sens « quand la situation devient difficile, les forts vont s’engager ». Cette expression est devenue le titre d’une chanson de Billy Ocean qui fit le tour du Billboard Hot 100 des années 80. Aujourd’hui, son jeu de mots reste assez symptomatique pour le développement personnel et ses dilemmes du moment.
La préoccupation pour le développement personnel prend un relais de plus en plus important suite à la deuxième guerre mondiale. Dans le monde entier, se développe une impulsion de vouloir questionner le sens de l’humain et son insertion dans un contexte prédéterminé. Un des noyaux principaux de cette recherche se trouve aux Etats-Unis ; on se rend compte que le destin peut être plus qu’une fatalité et l’humain a le choix d’une évolution personnelle, sa vie n’étant pas qu’un bloc pré-constitué par un conditionnement socio-économique et culturel. Dans le fond, cette vision considère qu’en transformant la perception, on transforme l’action et en transformant l’action on modifie l’expérience et, par la suite, même les champs du réel. L’adulte peut apprendre, se transformer, améliorer certains aspects de sa personnalité, ses actions ; se développer, transformer sa vie suite à une série de mécanismes de prise de conscience. Ce changement de paradigme transforme nos perspectives sur l’individu, la famille, les communautés ; et bien sûr, nos relations.
Avec le temps, cette préoccupation a créé des nouvelles pistes en recherche, des nouveaux métiers, de nouvelles structures et des rapports. Grâce à de nouvelles technologies et à des démarches comme TED, les conférences sur la technologie, le divertissement et le design, organisées depuis 1984 par la Fondation Sapling, la nouvelle chaîne de Oprah, OWN, ou bien la plateforme internationale de e-cours et réunions de Mindvalley, initiée par l’entrepreneur Vishen Lakhiani, elles se sont généralisées et internationalisées, étant à un clic de distance pour n’importe quelle personne intéressée, d’Addis Abeba à New York.
Prenons cette piste et revenons à la question, tout à fait naturelle : que fait- on quand la situation devient difficile ? Que ça soit un risque au niveau d’une acquisition qui ne peut être pas finalisée comme prévu, dire non à un grand investisseur qui pourrait offrir une belle récompense financière mais changera le cours de l’entreprise ; tester un nouveau produit sur le marché, devoir mettre au chômage des membres de l’équipe, voir son enfant déçu sans pouvoir lui trouver une alternative viable; recevoir la nouvelle d’une maladie ; témoigner la souffrance d’un autre et ne savoir pas exactement comment le soutenir ….
Traditionnellement, on nous dit, «soit fort» mais qu’est ce que cela veut dire ? Selon la chercheuse américaine Brenée Brown, issue de cette nouvelle tradition évolutionniste du développement personnel, la solution est d’accepter sa vulnérabilité. Professeure à l’université de Huston, au Texas, elle est spécialisée en études sociales et leadership training et renverse depuis quelque temps pas mal de théories comportementales liées à nos mythes de pouvoir… Son speech à Tedex Huston a fait des ravages, avec plus de 11 millions de vues et, par la suite, ses livres sont devenus des best sellers internationales ; elle coache des centaines de CEOs, des éducateurs, des leaders d’opinion. Son idée principale est que la vulnérabilité, cette émotion mal vue dans la majorité de cultures, est traditionnellement associée avec les ombres, la peur, la honte, la déception, l’incertitude, avec ces genres de choses qu’on aimerait bien éviter, en mettant l’armure de l’indifférence et de la force imbattable, c’est juste le lieu de naissance de toute authenticité – connexion – créativité.
Les études de Brenée Brown confirment que la vulnérabilité est un endroit peu confortable, mais en même temps souligne le fait qu’elle est indispensable afin de nourrir toute impulsion positive nécessaire à une vie vécue pleinement : l’amour, l’appartenance, la joie, l’empathie ne peuvent être ressenti pleinement qu’en acceptant notre vulnérabilité. La conférencière continue à dire que dans une culture où on n’éduque pas la vulnérabilité, on ne peut pas avoir de l’empathie, et sans empathie le dialogue est diminué. La vulnérabilité est un état qu’elle détermine en étant là où on a l’incertitude de résultat ; l’anxiété de cette incertitude est un réel inconfort. En business ou en vie personnelle, les gagnants sont ceux qui peuvent danser le zouk de cette vulnérabilité avec courage. L’étymologie du mot «courage» indique un sens de développement : la racine c’est «cor», ce qui signifie «cœur» en Latin ; une de premières définitions du mot «courage» c’était de raconter son histoire à plein cœur. Selon les études de Brown, c’est nécessaire d’avoir le courage d’être imparfait ; la compassion d’être gentil avec soi-même et les autres ; et la connexion dans un espace d’authenticité où on peut même renoncer à certaines de nos croyances pour pouvoir être là où on est, pour une connexion. Etre courageux, selon cette perspective, c’est saisir notre sensibilités, nos peurs, nos angoisses, les accepter, les comprendre et le dépasser dans une démarche consciente d’évolution personnelle qui implique la présence, l’ouverture, le choix. Comment intégrer, et puis dépasser le moment de vulnérabilité, c’est qui fait la différence. Seriez-vous tentté(e) de s’élancer dans cette recherche personnelle ?