Le Roi Mohammed VI du Maroc a demandé aux banques, dans son discours royal du 11 octobreà l’occasion de la rentrée parlementaire, de financer les PME, TPE et auto-entrepreneurs. Dans cette optique, la banque centrale marocaine (Bank Al-Maghrib) et le Groupement professionnel des banques ont été chargés d’élaborer un programme spécial d’appui aux jeunes diplômés et de financement des projets d’auto-emploi (plus de 118 500 personnes détiennent ce statu.. Les banques doivent définir des stratégies et rendre copie dès le mois de janvier 2020.
Les institutions devront puiser dans leurs modèles pour pouvoir faciliter l’octroi du crédit sans remettre en cause leurs fondamentaux et leurs ratios devant être conformes aux normes de Bâle (2, et 3), à l’IFRS 9 et aux dispositions de la Banque Centrale. L’impulsion viendra certainement du régulateur central qui a mis en place un mécanisme de refinancement attractif pour les banques respectant le quota de financement des PME.
Le gouvernement n’est pas en reste avec la mise en place par le ministère des Finances, dans le projet de loi de Finance 2020, d’un Fonds d’appui au financement de l’entrepreneuriat doté de 6 milliards de dirhams (600 millions d’euros) pour accompagner les jeunes diplômés en leur facilitant l’accès aux prêts bancaires pour financer leurs projets et les petites et moyennes entreprises opérant dans le domaine de l’export, notamment vers l’Afrique.
Voici la partie du discours royal du 11 octobre consacrée au secteur bancaire
« Par ailleurs, le système financier marocain fait l’objet d’un contrôle rigoureux de la part d’institutions nationales indépendantes, hautement qualifiées. Aussi la crédibilité du secteur bancaire, la confiance dont il jouit s’en trouvent-elles renforcées, à l’échelle nationale comme à l’extérieur. « Son niveau d’évolution lui a permis d’investir dans nombre de pays étrangers, notamment en Afrique. « Pourtant, certaines catégories de la population, qui le considèrent comme un organisme ne recherchant qu’un profit immédiat et sans risque, en ont une perception négative.
Cette représentation est justifiée par des faits, tels que le difficile accès des jeunes entrepreneurs au crédit, le faible accompagnement des diplômés et des petites et moyennes entreprises lors de leur création. « Je mesure parfaitement combien il est malaisé de faire évoluer certaines mentalités dans le secteur bancaire. Dans le même ordre d’idées, j’ai déjà souligné la nécessité de changer les mentalités au sein de l’Administration, pour mettre fin à des comportements préjudiciables au développement et à l’investissement.
« Aussi exhortons-nous le secteur bancaire national à un engagement plus ferme, à une implication positive plus vigoureuse dans la dynamique de développement que connaît notre pays. « Cet effort doit porter spécifiquement sur le financement de l’investissement, l’appui aux activités productives, pourvoyeuses d’emplois et génératrices de revenus. « A cet égard, outre l’engagement des banques auprès des grandes entreprises en termes d’appui et de financement, nous les incitions à s’acquitter de la mission prépondérante qui leur échoit en matière de développement. « Pour cela, elles doivent notamment simplifier et faciliter les procédures d’accès au crédit, s’ouvrir davantage aux autoentrepreneurs, financer les petites et moyennes entreprises.
« A cet effet, nous invitons le gouvernement et Bank Al-Maghrib, en coordination avec le groupement professionnel des banques du Maroc, à œuvrer à la mise au point d’un programme spécial d’appui aux jeunes diplômés, de financement des projets d’auto-emploi. « Eu égard à leurs retombées positives sur nombre de familles et sur l’ensemble de la société, il convient de s’inspirer des expériences fructueusement menées par les organismes qui financent des projets portés par des jeunes, facilitant ainsi leur insertion socioprofessionnelle.
« Notre souhait est que ce plan, dont je suivrai les différentes phases avec le gouvernement et le reste des parties prenantes, s’articule autour des axes suivants :
« Premièrement : favoriser l’accès, aux crédits bancaires, du plus grand nombre de jeunes qualifiés, porteurs de projets et issus des différentes catégories sociales, pour leur permettre de s’engager dans l’entreprenariat et de bénéficier des meilleures chances de réussite. « Deuxièmement : soutenir les petites et moyennes entreprises spécialisées dans les activités d’exportation, notamment vers l’Afrique, et leur permettre de capter une partie de la valeur ajoutée générée au profit de l’économie nationale. « Troisièmement : faciliter l’accès aux prestations bancaires et aux opportunités d’insertion professionnelle et économique, à l’ensemble des citoyens, en général et aux travailleurs du secteur informel, en particulier.
« Nul besoin de rappeler que le dynamisme économique passe par le développement des transactions bancaires. « A cet égard, je tiens à saluer les résultats obtenus au cours des deux dernières décennies, qui ont vu tripler le taux de bancarisation de la population marocaine.
« Dans ces conditions, en mettant à profit les technologies nouvelles et les innovations financières, il convient que les banques redoublent d’efforts pour élargir la proportion des Marocains qui recourent aux prestations bancaires et aux dispositifs de financement. Les deux parties pourront ainsi en tirer avantage dans une logique d’équilibre et d’équité, qui profite in fine au processus de développement. « Ce plan n’atteindra pas ses objectifs si les citoyens bénéficiaires ne s’impliquent pas de manière responsable et ne respectent pas les engagements induits par les prêts contractés.
« Par ailleurs, il appartient aux institutions et aux autorités de régulation et de contrôle financiers d’assurer le suivi des différentes opérations, de veiller à instaurer une relation équilibrée, fondée sur la confiance entre organismes de financement et débiteurs. « A cette occasion, je rappelle la responsabilité sociale qui incombe à l’entreprise financière, ainsi que sa nécessaire participation aux initiatives constructives, qu’elles soient à vocation sociale ou humanitaire, ou qu’elles visent la préservation de l’environnement, la promotion du développement durable ».