Poursuivi au pénal par Mohamed Ould Debagh, vice-président du groupe de Mohamed Bouamatou, pour «recel de vol, violation du secret par fonctionnaire (secret professionnel, des correspondances …), violation et suppression de correspondance», Jamal Taleb a obtenu gain de cause.
Le Tribunal de Grande Instance de Paris a classé l’affaire depuis le 11 février 2019. L’enquête diligentée par la justice française n’a pas permis d’établir le délit d’infraction. La plainte contre l’avocat Franco-mauritanien avait été annoncée dés mars 2018 par La Lettre du Continent, cela bien avant le dépôt effectif en juin de la même année, en réaction, vraisemblablement, à une première plainte de l’Etat mauritanien contre l’ONG Sherpa et sa figure de proue, l’avocat français William Bourdon.
La Mauritanie avait porté plainte pour corruption sur la base d’une correspondance interceptée entre l’avocat et chantre des droits de l’homme et l’homme d’affaires Mohamed Bouamatou. Dans ce mail de Me Bourdon daté du 23 janvier 2014, révélé par le JDD et relayé par Libération, on pouvait notamment lire :
« Cher Mohammed, je reviens vers toi sur la question des frais […] ils ne sont plus liés à l’affaire Mauritania Airways mais aux investigations menées pour l’enquête Sherpa sur Kinross [compagnie minière canadienne spécialisée dans la recherche de l’or et opérant en Mauritanie] et d’autre part, pour l’enquête de la commission d’enquête citoyenne de Mauritanie. Il faut donc que tu fasses deux virements différents : le premier de 50.000 euros à Sherpa (dont tu as déjà les coordonnées bancaires). » Au total, 100.000 euros sont versés à cette occasion à l’ONG».
Fort de cette correspondante troublante entre ses mains, Nouakchott dénonce une instrumentalisation manifeste et porte plainte en France. Le silence gêné des médias français à l’exception de ceux -cités ci-dessus, montre bien le traitement révérencieux réservé à une icône comme Me Bourdon, tête de pont dudit «procès contre les biens mal acquis».
C’est vraisemblablement pour torpiller la plainte mauritanienne que le «clan» s’est retourné contre Jamal Taleb, conseiller du président mauritanien et ambassadeur itinérant à Paris. La plainte de recel, relayée par La Lettre du Continent, tombe à l’eau. Reste à savoir si ce ne sont pas les fameuses «pièces personnelles (documents, blocs-notes, contenu d’ordinateur, etc.) de Mohamed Ould Debagh saisies par la police mauritanienne, au printemps 2017, lorsque ce dernier franchissait la frontière avec le Sénégal, en voiture», ainsi que l’écrivait avec aplomb La si bien informée Lettre du Continent, qui viendront clore un chapitre clé de cette sombre affaire qui voit un rapport d’une respectable ONG faire l’objet d’une demande de paiement.