Par Nassrallah Belkhayate, Marrakech
Le département en charge du tourisme n’a pas encore dévoilé la nouvelle feuille de route du secteur. L’annonce était pourtant prévue pour le 2 avril à Agadir. Les professionnels se posent des questions. Faut il revoir selon un comité d’experts la refonte de la Vision 2020 concernant la gouvernance, le Plan Azur, le repositionnement de la destination Maroc, la place du digital, l’amélioration de la qualité de l’offre ou la connectivité aérienne et surtout la coordination du partenariat privé – publique ?
La vision 2020 ambitionnait de faire du royaume l’une des 20 premières destinations du tourisme mondial avec doublement de la capacité d’hébergement pour une création de 200.000 nouveaux lits, un doublement des arrivées de touristes pour atterrir enfin sur 140 milliards de dirhams en 2020 sans oublier une augmentation du PIB touristique de deux points dans le PIB national.
A prés de deux ans de l’échéance, on est loin de ce rêve de voyage ! On a bouclé l’année 2017 avec 11,3 millions de touristes, dont 5,4 de marocains résidents à l’étranger, avec des recettes touristiques ayant atteint 6,89 milliards de dollars à fin novembre 2017…On change toujours une méthode qui ne marche pas ! Et ma foi ici c’est le cas. Faut – il revoir le balnéaire, la qualité du produit, la mise en valeur des atouts culturels et naturels du Maroc .. ou tout simplement vérifier s’il y a un » pilote » dans l ‘avion de cette sacrée stratégie touristique nationale ?
A l’occasion du Symposium international du tourisme organisé par le Conseil du développement et de la solidarité (CDS), un think-tank indépendant, en partenariat avec la CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc), Mme Bensaleh Chaqroun, la présidente de l’instance patronale, a mis à en avant le besoin d’une bonne gouvernance et d’une implication responsable et réelle du gouvernement dans le tourisme, un secteur qui emploie tout de même 500.000 personnes.
Le Maroc attire 11 millions de touristes aujourd’hui et nous sommes depuis 2013, la première destination touristique en Afrique. Les perspectives pour 2018 sont certes prometteuses mais sont – elles pour autant à la hauteur des attentes des professionnels ? Comment peut on à un tel niveau d’urgence économique priver le secteur des assises du tourisme ?
Le Rwanda souvent cité en exemple a accueilli plus de 40 conférences internationales, dont plusieurs manifestations de haut niveau comme le Forum économique mondial, le Sommet mondial sur l’investissement en Afrique, mais aussi le Forum africain de l’investissement hôtelier. Conséquence, le pays a vu une hausse des recettes, qui ont dépassé 37 millions de dollars en 2015 et atteint 47 millions de dollars en 2016. En 2017, le tourisme d’affaires dans le pays devrait rapporter 64 millions de dollars. C’est le principal intérêt du Bureau des congrès qui a permis aux entreprises privées de se positionner sur le marché du tourisme d’affaires. Pourtant pour la seule année 1993, le Rwanda n’a compté que 102 touristes !
La Transformation Numérique a bouleversé de son coté, avec une rapidité incroyable, les modes de consommation du voyage, de la culture et des loisirs. Comment les fédérations du tourisme se sont elle préparées à ce tourisme de demain ?
Le monde change et le tourisme aussi. Si le Maroc bute dans les prochaines années sur sa propre stratégie digitale, il faudra reconsidérer à juste titre la responsabilité personnalisée aussi !