Par Mohamed Lamine Mbengue.
Ce thème a fait l’objet d’un article intitulé « Creation of an Islamic stock index in West Africa » et publié dans la Revue Research in International Business and Finance.
L’islam est une religion présente en Afrique depuis le 11e siècle et, selon les prévisions, en 2050, le Nigeria sera le troisième pays le plus peuplé du monde et à terme dépassera l’Indonésie comme premier pays musulman du monde. L’article s’inscrit dans une démarche prospective. Dans le cadre de ce travail nous proposons la création d’un indice boursier islamique et d’expliquer comment appliquer les critères de la finance islamique aux indices des différentes places financières en Afrique de l’Ouest (Nigeria, Ghana, BRVM)
Pour la méthodologie, deux types de filtrage sont retenus: le filtrage sectoriel et le filtrage financier. Le premier type de filtrage consiste à faire sortir de l’indice les sociétés qui sont dans les secteurs non conformes aux principes de la loi islamique (alcool, tabac, industrie porcine, activités financières, divertissements (hôtels, casinos, jeux d’argent, cinéma, pornographie, musique). Le second filtrage utilise trois ratios (endettement, créances, et dettes). Le respect des deux filtrages permet d’intégrer l’indice Shariah compatible. Pour le calcul de l’indice l’utilisation de la méthode de pondération par les capitalisations flottantes est retenue avec un plafonnement des valeurs.
Les résultats montrent que le filtrage sectoriel qui constitue la première étape est le moins restrictif. Parmi les 273 sociétés cotées éligibles, 90 appartiennent en partie à un secteur illicite. Le filtrage extra financier montre que le secteur de la finance et de l’assurance constitue le secteur le plus prohibitif. La part des autres secteurs du point de vue de la Shariah reste très faible. Pour la première étape du filtrage, 66% du bassin de valeurs retenu reste encore en course pour composer l’indice islamique. Avec le filtrage financier le Nigeria regroupe 15 sociétés Halal, la BRVM 6 et le Ghana également 6, avec un taux d’exclusion de 90%. Les contributions de la recherche sont tout d’abord; l’étude des critères de filtrage utilisés en finance islamique qui nous a permis de constater comment l’investissement en bourse conformément à la Shariah obéit à une logique à la fois financière et extra financière; ensuite l’indice islamique en Afrique de l’Ouest a permis de lister les entreprises Halal et peut donc servir de benchmark aux gestionnaires de portefeuille Shariah compatibles; enfin cet indice peut également inciter les gestionnaires de fonds africains à commercialiser des produits de placement Shariah compatibles.
Mohamed Lamine Mbengue, titulaire d’un PHD Finance Université Paris Dauphine, est Maître de conférences Université Gaston Berger de Saint-Louis.