Par Mariata DIENG
Dans ses clips bling-bling où shorts moulants côtoient bouteilles de champagne et grosses voitures, Wizkid, l’icône de la pop nigériane, a troqué ses jeans, ses caleçons apparents et ses T-shirts Versace pour des tenues traditionnelles: la nouvelle tendance pour la jeunesse de Lagos.
En 2016, Vogue, magazine leader de la mode, l’a élu «chanteur pop le mieux habillé du Nigeria»: un titre particulièrement convoité et exigeant dans ce pays où l’apparence est reine et la concurrence, à tous les coins de rue.
L’agbada yorouba (immense tunique de trois épaisseurs), le ‘Niger Delta’ igbo (chemise brodée avec un col Mao), ou le babariga haoussa (longue tunique sahélienne avec chapeau asymétrique brodé) étaient, comme souvent en Afrique, considérés comme des tenues pour les anciens ou ruraux.
Mais depuis quelques années, on porte le «trad» (vêtement traditionnel) au bureau, aux mariages, en rendez-vous d’affaires et surtout, dans les clips de musique et en boîtes de nuit.
En 2012, Omobolaji Ademosu, alias B.J., a abandonné son emploi dans une banque pour monter sa propre ligne de vêtement pour hommes, Pro7ven. Dans deux minuscules ateliers d’Ojodu, à la périphérie de Lagos, sa douzaine d’employés découpent, cousent, repassent et enchaînent les commandes au son du générateur à diesel.
B.J. fait de la mode « africaine contemporaine »: de magnifiques agbadas à peine plus resserrés à la taille que le veut la tradition, brodés à l’encolure, qui peuvent se vendre jusqu’à 150.000 nairas (420 euros).
Avec plus de 500 groupes ethniques, le Nigeria est particulièrement attaché à ses valeurs traditionnelles. Une fierté qui commence d’ailleurs à dépasser les frontières du pays.