Par Abdoulaye Modou Ndiaye et Amadjiguene Ndoye
En marge de la deuxième édition de « Jours de Banque » (19 et 20 avril à Dakar) le Président de l’Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers du Sénégal, répond à nos questions.
Pourquoi ce thème « la banque de demain »pour la deuxième édition de « Jours de banque »?
Nous tenons cette journée annuellement pour réfléchir sur le devenir de la banque ou sur des questions liées au développement de l’activité au Sénégal. En 2016 par exemple, nous avions échangé sur la monnaie électronique, thème d’actualité qui nous interpellait. Pour cette année, nous avons mis le focus sur la « banque de demain » afin de nous interroger sur notre avenir.
Le secteur va subir de profondes mutations liées à la réglementation bancaire qui va changer à partir de 2018. Il est question du cadre réglementaire et juridique, du marché financier, de l’avènement de la finance islamique et des nouvelles technologies.
Nous devons nous demander, nous professionnels du secteur, comment la réglementation va façonner les banques. Par exemple, pousser les instituions financières à aller vers les marchés financiers. Aujourd’hui, la technologie est entrain de modifier le profil de la banque, en mettant en place des instruments comme le mobile banking. Tout cela est entrain de modifier l’environnement de la banque et c’est ce qui justifie ce questionnement, à savoir : quel sera le profil de la banque de demain ? Il y’a aussi le volet de la finance islamique qui commence à émerger dans notre zone. Se sont des questions légitimes auxquelles nous essayons de répondre à travers ce thème.
Quelle sera la place des usagers dans la banque de demain ?
Les usagers sont les principales préoccupations des banques parce que lorsqu’on parle de technologie, c’est pour avoir plus d’accès et développer le taux de bancarisation mais aussi la relation de proximité. Donc, la banque de demain s’oriente plus vers les usagers. Mais, plus vous vous orientez vers les usagers, plus vous vous exposez aux risques, avec tout ce qu’il y’a autour de la cybercriminalité qui s’impose au régulateur. Lequel est obligé d’agir pour protéger les déposants.
Il y a plus de banques et moins d’accès au financement. Quelle explication à ce paradoxe ?
Non, il n’y’a pas moins de financement. Le volume de financement augmente chaque année à un rythme qui est supérieur à 10 ou 15%. Donc, là n’est pas véritablement le problème. Les banques augmentent parce que le marché est beaucoup plus attrayant. Les demandeurs d’agrément font des analyses qui sont favorables par rapport aux opportunités à exploiter.
La monétique est-elle favorable à la bancarisation ?
Le fait de pouvoir accéder à un compte de porte monnaie électronique favorise la bancarisation. De même que lorsqu’on vous donne une carte bancaire prépayée sans que vous ayez nécessairement besoin d’ouvrir un compte, c’est une facilité car l’argent est stocké dans la carte. Les banques y gagnent du fait que les conditions d’ouverture de compte pour le petit épargnant peuvent être assez contraignantes, compte tenu des montants ou des charges de gestion lourdes pour ces institutions. Donc, il y’a aujourd’hui des moyens technologiques qui facilitent l’accès aux services financiers sans que le client soit bancarisé.
La monnaie électronique ne risque-t-elle pas de plomber les banques classiques ?
Il y a, certes, des acteurs non agréés pour la banque qui viennent dans le domaine. C’est une des problématiques qui se posent aujourd’hui. Comme vous le savez, les opérations bancaires sont très réglementées. En tant que banque, nous nous disons pourquoi subir autant de réglementations avec des niveaux d’exigences en termes de capital très important si, de l’autre côté, vous avez des acteurs qui ne sont pas soumis à ces exigences et qui peuvent accéder à la même clientèle de déposants. Pourquoi, en ce moment-là, ces operateurs entrent dans la compétition sans être soumis aux mêmes exigences réglementaires que les banques?.
L’idée n’est pas d’arrêter un processus technologique qui est entrain de s’étendre. Tout au contraire. Aujourd’hui, tout le monde détient un téléphone portable, c’est un moyen d’accès facile pour les services bancaires. Nous préconisons des partenariats avec ces sociétés disposant de moyens technologiques facilitant le développement des services financiers. Donc, chacun aura son rôle à jouer. Le service de technologie jouera son rôle d’apporteur de solutions technologiques et les banques pourront apporter les services financiers de proximité.