Nommée directrice du cabinet de la Banque Africaine de Développement (BAD) en novembre 2015, Dr Sipho Moyo a été écartée fin février 2017 sans explications. Reléguée à la “Direction des grands projets”, qui n’existe pas encore dans l’organigramme (bataille de positionnement en perspective entre cette direction ex nihilo et la division du secteur privé) , la zimbabwéenne, titulaire d’un Master en économie du développement (1989) et d’un PhD en économie financière (1994) de l’Université Howard, à Washington DC (Etats-Unis), n’a pas eu le temps de faire étalage de ses 22 ans d’expérience du développement à l’international. Pour ses soutiens, «il s’agit d’une belle promotion».
La mutation intervient, rappelons-le, alors que se déploie un programme de décentralisation aux contours non encore précisés. Le downgrade des bureaux stratégiques comme celui du Sénégal au rang de simple country office, la mutation de la représentante résidente au Maroc (premier client de la banque), la franco-sénégalaise Yacine Fal, à Tunis, comme adjoint au directeur régional, sont autant d’aspects de cette opération de redéploiement des effectifs orchestrée par le président de la BAD.
Pourvu seulement, remarque un expert, au terme de ces redéploiements, que la banque parvienne à maîtriser sa masse salariale et à retrouver son efficacité dans la mobilisation des fonds. Lors de la dernière reconstruction du FAD (fonds africain de la BAD), seul guichet accessible à la plupart des Etats de l’Afrique subsaharienne, l’équipe du Dr Adesina n’a pu engranger que 7 milliards d’euros. Pendant ce temps, la Banque Mondiale annonce un record absolu de 57 milliards de dollars mobilisés pour des projets de développement en Afrique. L’on assiste vraisemblablement à un changement de la donne chez les donateurs qui optent pour loger leurs fonds au guichet de la Banque Mondiale aux conditionnalités sévères et au temps de décaissement lent..