Par Marieme Diop Ly
Est-ce un reniement de ses convictions ou une nouvelle vision des choses, ou tout simplement une lanterne éclairée ? Ce sont les questions qui trottent et se frottent à notre conscience quand du spectateur-participant, on passe du côté des fondateurs. Est-celà tout le sens des paroles de Mahatma Gandhi quand il nous confiait ceci : « Une once de pratique vaut mieux que des tonnes de discours».
Que n’avons-nous pas écrit, que n’avons-nous pas dénoncé, que n’avons-nous pas applaudi à la suite de nos lignes couchées par ci par là des quotidiens fréquentés. Pourtant par la force de la pratique nous avons, bien des fois, été peinés par ce qui nous semble être un manque de vision et de compréhension ou encore d’une disposition suffisante de l’information de certains écrits sur la marche de l’économie nationale. Une économie aujourd’hui Emergente. Ah, «Emergence» Un mot bien éloquent et «in», Subtilement glissé dans le «Larousse Africain» à la place de son «Lourd» et «statique» synonyme «Développement» tout de suite après la vague d’alternance qui a mené ,au pouvoir, la Génération postindépendance.
Une nouvelle vision incarnée par le style de « développement par soi », adhérant totalement à l’invite d’Axelle KABOU qui jetait à la figure de l’occident sa célèbre parade : «Et si l’Afrique refusait le développement»? Ou simplement une continuité du reniement entamé par les prédécesseurs vis-à-vis de l’autoritarisme économique du Colon ? Tout porte à croire qu’il s’agit bien d’une volonté de sortir des chantiers battus de l’indépendance «colonisée» symbolisée par une dictature économique et des politiques de développement fabriquées dans les laboratoires de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International, voilà le mobile. Nous Passerons volontairement sur les ajustements structurels, et autres longs métrages de ce feuilleton économique par moment très amer pour nous Africains.
Abdoulaye Wade au pouvoir juste après cette fameuse période de serrer la ceinture déclarait tout joyeux que «les caisses étaient pleines» et pourtant le peuple venait juste de bouter hors du circuit le régime d’alors, qui avait fini par le pousser dans ses derniers retranchements malgré tout. Macky Sall à son arrivée a laissé le soin à son premier ministre du budget de crier sur tous les toits que « les caisses de l’Etat sont vides » et pourtant le peuple a exprimé un fort regret de ne plus « voir l’argent circuler » comme du temps de Wade. Ce qui est toujours valable d’ailleurs.
Un paradoxe qui en dit long sur les attentes du peuple par rapport à la gestion de leur Cité. Force est de reconnaitre que quel que soit le concept défendu entre « Développement » ou « Emergence », par les dirigeants, seul la signification de « mieux être » qui leur est commune, semble vraiment intéresser les populations.
Passons également sur le débat du FCFA, que nous laisserons volontiers aux spécialistes, même si notre jugeote de profane ne peut comprendre qu’on réclame pour une deuxième fois dans l’histoire de nos relations avec l’occident, une indépendance économique tout en faisant fi de l’urgence d’éliminer cette monnaie qui constitue encore le cordon ombilical de cette relation. Une question ouverte pour les experts actuellement engagés dans ce grand débat.
Un vent nouveau, une vision nouvelle, un nouveau style de gestion, voilà la nouvelle feuille de route au Sénégal et de ses frères africains. Construire un modèle de développement basé sur notre propre vision, sur nos besoins répertoriés «sans complaisance», comme aime le répéter le Chef de l’Etat. Voilà, résumé, le contenu global des plans d’émergence qui fondent la nouvelle Afrique Progressiste. Un idéal auquel il faut prendre part pour en déceler les contenu et contours. Aie! là est tout le problème qui nous mène à cet essai à la problématique du fondement de l’Emergence.
Cette position qui nous permet de voir tous les efforts consentis et les résultats non négligeables récoltés après CINQ Années dont exactement Deux consacrées à la conception et trois à la mise en œuvre. Le Sénégal est passé De la croissance propulsée de 4% dans les années 2012 à 6% en 2016 entrainant un gain de 2,5% d’augmentation dans le portefeuille de chaque sénégalais, selon le gouvernement qui a tenu à rappeler la nécessité d’apprécier le PIB par habitant en FCFA. Et pourtant, la grogne contre la vie chère et la difficulté à assurer les repas quotidien s’intensifie de plus en plus.
Nous parlons du Sénégal, nous parlons des pays émergents de l’Afrique. Les programmes à défaut d’être exactement identiques ne varient pas foncièrement.
Des programmes spéciaux permettent de corriger, depuis au moins cinq années, les profondes inégalités entre le monde rural et les villes en termes de désenclavement, d’assainissement, de soutien à l’activité économique phare (Agriculture), de soutien à l’accès aux soins de santé et de création de revenus stables. Depuis 2015 et aujourd’hui; 255 km de pistes achevés et 420km autres en cours de finition de nouvelles pistes rurales sont revendiqués par le régime en place. Toujours en une année, 300.000 personnes ont accès à l’eau potable, 200.000 personnes de 325 villages auront accès à l’énergie par l’électrification rurale, etc.
Les campagnes agricoles ont connu un net mieux ces dernières années avec des prix de vente des productions nettement revus à la hausse. Dans le domaine de la Santé, les personnes de plus de 60 ans, les personnes démunies sans possibilité de souscrire à l’assurance classique ont désormais accès aux soins de santé avec un programme spécial de « couverture maladie universelle » mis en place par le gouvernement toujours dans le cadre de l’émergence du pays précisément dans son deuxième axe d’intervention qui vise à valoriser le capital humain… par la santé aussi. Il y a aussi le non moins social, le programme des bourses familiales à l’image qui soutient les familles en détresse en France orienté ici vers les familles les plus démunies ayant de grandes difficultés à financer les études de leurs enfants. En chiffres précis, et toujours selon les résultats présentés, il aurait permis de trouver des revenus réguliers à 200.000 familles, et d’envoyer des enfants issus de ces familles très pauvres à l’école etc. il est aussi important de préciser qu’au-delà des bourses, la protection social est inclus dans le programmes. D’où l’étonnement que suscitent les réactions allergiques à ses politiques sociales déroulées chez nos pairs frappés parfois par une extrême pauvreté les contraignant même à sauter au moins un repas par jour sur les trois conventionnels selon le rapport sur « Pauvreté et condition de vie des Ménages » de l’ANSD de 2015.
A côté de cette ingénieuse façon de contenir le plus possible d’éventuels «printemps» africains dont l’extrême pauvreté pourrait en être la source, d’autres programmes de grande envergure avec des investissements lourds constituent en outre le socle de l’émergence.
La stabilité en passe d’être assurée avec ces programmes sociaux, l’Emergence ne lésine pas sur les gros investissements pour assurer la stabilité sociale en Afrique. Ce n’est pas pour rien que le premier axe du PSE a été consacré au financement de l’économie par la mise sur pied de projets de grande envergure dans les domaines de l’Agriculture et de ses composantes. Des infrastructures visant à faire du Sénégal un hub dans beaucoup de domaines (santé, logistique, services…) dont l’habitat, particulièrement sur l’habitat social. Un redressement du secteur de l’Energie est aussi planifié à travers des projets dits phares, 27 au total qui doivent soutenir la création de richesse et par ricochet l’économie dans tous ses secteurs et qui propulseront ainsi le Sénégal au top du classement en Afrique.
Pour se donner toutes les chances de réussite et capter le flux de financement nécessaire à la réalisation des projets, le Plan Sénégal Emergent, puisque c’est de lui dont il s’agit, est aussi soutenu par des réformes phares, 17 au total mis en branle pour encadrer et soutenir les projets.
Il est vrai que le débat sur la disponibilité de fonds dans les caisses de l’Etat malgré le grand bruit suscité en 2012 n’est pas encore vidé, mais le plus important comme évoqué plus haut est la réaction du « peuple » face à l’annonce de la disponibilité ou non de l’argent selon les deux cas.
Aujourd’hui, malgré les résultats éloquents du PSE cités plus haut, une partie importante de la population qui soient fait partie des principaux bénéficiaires identifiés, soit des potentiels acteurs de la mise en continuent de rejeter et de regretter le temps passé.Le secteur privé malgré son impuissance à convaincre de sa capacité et force à prendre à bras le corps les chantiers ne rate jamais l’occasion de ruer sur les brancards pour dénoncer sa non implication dans la mise en œuvre du PSE ou encore de ce qu’il définit comme un retour du colon à travers un retour en force des entreprises françaises. Mais aussi sans compter déplorent-ils, assez souvent ce qui est considéré comme une « invasion » des entreprises chinoises. Les secteurs vitaux comme la santé ou l’éducation sont souvent en ébullition pour cause d’absence de prise en compte de leurs besoins matériels. Le peuple de son côté ne cesse de dénoncer à travers des reportages de la presse la vie surenchérie malgré les mesures salutaires pris par le Chef de l’Etat au début de son mandat sur les prix des denrées alimentaires, sur le prix du loyer, etc. d’où la question de savoir à quoi ont servi tous ces résultats affichés à la fin 2016 ou encore où est allé la croissance de 6% tant chantée même par le non moins enthousiaste FMI ? Des questions dont les réponses permettront de libérer l’information hyper cloisonnée sur ce plan sensé être l’héritage de toute une génération.
Mareme Diop LY