Une révolution silencieuse est intervenue en cet automne 2016. Le coût de production d’un kilowatt heure par le renouvelable a rattrapé celui du kilowatt heure fossile. D’après un rapport de l’ONG Global taker du 14 septembre, la tendance ne fait que commencer. En effet, avec la ratification du traité de Paris sur le climat par les USA et la Chine, en marge du dernier G20, un véritable compte à rebours a commencé, impulsant une accélération technologique vers la mise en place de systèmes de production d’énergies renouvelables moins coûteux. L’entrée en vigueur du traité universel conclu à Paris est fixée au 4 novembre 2016. L’objectif est de maintenir le réchauffement global en deçà des 2 degrés à l’horizon 2100. Jamais, depuis la révolution industrielle de 1750, l’homme n’a été aussi proche d’une autre révolution industrielle et énergétique. Les investisseurs doivent désormais prendre en compte l’exposition au risque climat dans leurs portefeuilles comme le constatait Black Rock, du haut de son portefeuille de 4 737 milliards de dollars d’actifs sous gestion qui en fait le premier gestionnaire d’actifs au monde. Le fonds américain qui n’a rien de militant pour le climat suit une tendance mondiale. Peu avant la réunion du G20 (tenu à Hangzhou du 3 au 4 septembre 2016) , quelque 130 investisseurs représentant 13 000 milliards d’actifs sous gestion ont adressé une lettre ouverte aux dirigeants du monde afin de les pousser à ratifier au plus vite l’Accord de Paris. Ces différents mouvements convergent vers une nécessaire transition énergétique, une révolution aussi importante que celle qui vit la transition de la machine à vapeur au moteur Diesel. Une transition dont le financement est estimé à 90 000 milliards de dollars d’ici 2030 selon le think tank New Climate Economy. Pour les banques, les assurances, les fonds d’investissements et les acteurs de la finance en général, il ne s’agit pas de lancer quelques produits labellisés «vert» pour faire écolo. L’enjeu est surtout de faire face aux risques réglementaires, technologiques et climatiques qui pourraient impacter la rentabilité de leurs gros engagements et la qualité de leurs portefeuilles. Les coûts de mise en conformité induits par le durcissement des régulations environnementales poussent les bailleurs à observer une veille systématique sur des domaines circonscrits autrefois à la rubrique
bateau de la RSE.
L’explosion des obligations vertes
Que cela soit avec Volkswagen, qui fait face à une crise de réputation et d’image depuis son scandale planétaire, ou avec la Banque Mondiale, dont les engagements sont inspectés à la loupe par les ONG lui reprochant de financer parfois des projets nocifs sur l’environnement, aucune institution ne peut évoluer aujourd’hui en marge de cette révolution. Pays hôte de l’avant dernière COP, la France s’est mise au diapason, lançant un label «transition énergétique et écologique pour le climat» en directeur des acteurs de la Finance. Les 6 premiers fonds labellisés (1) dans l’Hexagone totalisaient 715 millions d’euros à la fin juillet. A la mi-septembre, cet encours a atteint 1 milliard de dollars. Par ailleurs, la France envisage d’émettre les premières obligations vertes en 2017 imitant, en cela, certaines de ses collectivités territoriales comme les régions Ile de France, Nord Pas de Calais et Provence Alpes Côte d’Azur, qui en ont émis en 2012 pour financer des projets de transport en commun ou de rénovation énergétique de bâtiment. L’engagement de la France, beaucoup plus conséquent, porterait sur 9 milliards d’euros en trois ans. Paris viendrait ainsi conforter le marché des «Green Bonds » lancé en 2007 avec des institutions telles que la Banque Européenne d’Investissement (BEI) et la Banque Mondiale et rejointes par des groupes comme EDF, Scheneider Electric, Air Liquide. Les différents acteurs cherchent à diversifier leurs investissements. Cet engouement explique l’augmentation rapide du volume du marché des obligations vertes, passé de 13 milliards en 2013 à 48 milliards en 2015 et 100 milliards en 2016 selon le ministère français des Finances.