Malgré la baisse significative du volume de projets de centrale à charbon au niveau mondial depuis la COP 21, le charbon continue d’être une réelle menace à même de compromettre les objectifs arraché à Paris, relève le dernier rapport du réseau CoalSwarm – un projet collaboratif qui rassemble des chercheurs spécialistes du charbon – publié ce 7 septembre.
De façon globale, le rapport note en effet que « le volume des projets de centrale (« projets » au sens où la construction n’a pas encore démarré) s’est réduit de 158 GW entre janvier et juillet 2016, soit l’équivalent de l’ensemble du parc de centrales à charbon de l’Union européenne (162 GW) ». Une bonne nouvelle pour le climat dont il est encore bien trop tôt pour se réjouir.
« Si cette réduction représente un progrès substantiel, il faudra aller beaucoup plus loin pour éviter de mettre la planète en grand danger, car les capacités de génération au charbon en construction (350 GW) et en projet (930 GW) dépassent largement le budget carbone correspondant à un réchauffement de 1,5°C », a fait remarquer le directeur de CoalSwarm, Ted Nace.
L’Afrique et le Moyen-Orient en pointe sur le charbon
Si des pays comme la Chine (-113 GW), l’Inde (-40GW) ou encore le Japon figurent au nombre des principaux contributeurs à cette réduction, la région « Afrique et Moyen-Orient » fait exception à cette tendance générale à la baisse. Les projets de construction de centrales à charbon connaissent en effet une hausse de 10 GW depuis le début de l’année, soit une augmentation moyenne de 23 %, même si ces chiffres dissimulent d’importantes disparités, indique le rapport.
Ainsi, parmi les pays où le volume de projets a le plus augmenté, on trouve l’Égypte (+11 GW) au premier rang mondial, loin devant les Émirats Arabes Unis (+2,4GW), le Botswana (+404 MegaWatt), le Swaziland (+200MW), le Kenya (+130 MW) et le Ghana (+100 MW).
Au contraire, le volume de projets en cours a reculé en RDC (-500 MW), au Mozambique (-400 GW), en Namibie (-300 MegaWatt), au Sénégal (-250 MW), la Tanzanie (-225 MW) et au Malawi (-120 MW).
Dans le reste du monde, les plus fortes augmentations se situent dans les pays suivants : Mongolie (+8 GW), Turquie (+3,2 GW), Philippines (+2,4 GW), Cambodge (+2 GW), Chili (+1,4 GW). L’Union européenne enregistre pour sa part une baisse de 2,4 GW
Par ailleurs, en termes de volume de centrales à charbon en cours de construction, la région « Afrique et Moyen Orient » est quasi stable depuis le début de l’année : +153 MW, soit une hausse de 1,4 % portant le total à 11,2 GW à fin juillet 2016 (à comparer avec 205 GW pour la Chine, 65 GW pour l’Inde, et 6,9 GW pour l’UE). Ce, alors qu’au niveau global, les constructions ont augmenté de 11,4 GW.
Le rapport constate en outre que les technologies les plus polluantes (“supercritique”) représentent 66 % du parc mondial en opération, mais seulement 16 % des projets en cours (hors construction) et 13 % des projets en construction.
Rappelons que dès 2013, 25 scientifiques de renom (dont le Prof. Ogunlade Davidson de l’University du Sierra Leone et Jean-Charles Hourcade du CNRS) ont signé une déclaration selon laquelle la construction de nouvelles centrales à charbon sans dispositif de captage et stockage du carbone n’est pas compatible avec l’objectif de limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C.
Selon l’AIE, le charbon est le principal responsable des 3 millions de décès prématurés causés chaque année par la pollution de l’air extérieur.