Les banques africaines attisent toujours la convoitise des investisseurs malgré le contexte de dégradation de leur profil risque et « un environnement d’exploitation extrêmement difficile », conclut l’agence de notation Fitch Ratings dans son dernier rapport ce 10 mai sur un secteur en effervescence.
L’agence soutient en effet que le système bancaire subsaharien, hormis le marché sud-africain, présente « une qualité de crédit hautement spéculative mais les investisseurs stratégiques sont toujours à la recherche d’opportunité de développement dans la région ».
Cela dans « un environnement d’exploitation extrêmement difficile » alors que la région enregistre sa plus faible croissance depuis plus d’une décennie, à 3% selon le FMI, indique l’agence dans un communiqué ce 10 mai.
« La baisse des prix des matières premières, des taux de croissance hésitants, la dépréciation des monnaies nationales, l’instabilité politique mettront, à des degrés différents, la pression sur les notations des États et par conséquent sur les profils de risques des banques de ces pays », avait déjà expliqué Fitch dans un précédent rapport daté du 15 janvier dernier.
A titre d’illustration, Fitch cite le succès de la vente récente, par Barclay’s, d’une part de ses actifs (12,2%) dans Barclay’s Africa Group Limited (BAGL). Des actifs rachetés par « des investisseurs sud-africains et internationaux » dont le fonds de pension PIC. Ou encore le projet de United Bank for Africa (UBA), d’ajouter sept autres pays à sa couverture africaine pour atteindre un total de 25 pays. Egalement, note l’agence, la BMCE a récemment augmenté sa participation dans Bank of Africa, qui opère dans 17 pays africains, de 72,7% à 75%.
Surveillance
Cet activisme a poussé les régulateurs de la région à renforcer leur coopération, souligne Fitch. Ainsi, les autorités de contrôle bancaire du Maroc ont récemment établi une relation de travail avec l’UEMOA et la CEMAC, en vue notamment d’échanger des informations qui aideront à la surveillance consolidée des banques marocaines opérant en Afrique.
Une initiative qui devrait se généraliser sur le continent pour une bonne maîtrise du risque bancaire préconise l’agence.
Le renforcement de la réglementation est, en outre, en cours et « plusieurs marchés africains adoptent des normes plus conformes aux meilleures pratiques internationales ». Le niveau de capital minimum a ainsi été relevé au Ghana, au Nigeria et au Kenya, où les banques ont adoptées les normes comptables IFRS et, dans les deux derniers pays, mis en œuvre le cadre de Bâle 2. Ces progrès, selon Fitch, restent cependant plus timides en Afrique francophone.