Les multinationales ne sont plus seuls maîtres à bord sur le marché africain. Dans son dernier rapport « Dueling with Lions : Playing the New Game of Business Success in Africa » publié ce 10 novembre, le cabinet de conseil Boston Consulting Group (BCG) relève l’émergence de firmes africaines qui parviennent à conquérir des parts croissantes de marché au détriment des grands groupes internationaux.
Le rapport note que même si ces multinationales continuent à augmenter significativement leurs revenus, en terme relatif, le rythme de leurs performances s’infléchit, à leur grande surprise et la tendance devrait se poursuivre. Au Nigéria, les multinationales du secteur du jus de fruit, ont enregistré 111 millions de dollars de chiffres en 2013, contre 79 millions en 2009, mais ont vu leurs part de marché dégringolé de 21% à 15%. Idem au Kenya, où elles ont accru leurs chiffres d’affaires de 8% sur la même période mais ont perdu 15% de marché. Des exemples qui se multiplient notamment en Egypte, au Maroc dans divers secteurs.
A l’échelle transafricains, le cabinet cite les exemples du géant sud-africain MTN – qui a fait une entrée réussie au Nigéria (premier opérateur mobile) suite aux hésitations des firmes occidentales – et les groupes bancaires marocains Attijariwafa, BMCE et Banque Populaire dont les conquêtes se font avec le recul des groupes internationaux.
Pour BCG, les entreprises africaines, mieux imprégnées des réalités locales, avec un accès aux capitaux et à la technologie en plus de ressources humaines mieux formées, sont devenues des acteurs « redoutables » dont l’ascension n’a été perçu que « tardivement » par les firmes occidentales. Cependant, ces dernières – qui « ont raison de croire au potentiel à long terme de l’Afrique », souligne dans un communiqué Patrick Dupoux, directeur associé senior du BCG et coauteur du rapport – disposent d’atouts qui leurs donnent une longueur d’avance. A savoir une expérience éprouvée et un savoir-faire technique, industriel et marketing pour développer plus aisément leurs plateformes africaines.
Les deux acteurs devraient s’inspirer l’un de l’autre, les africains ayant un intérêt particulier à veiller à mieux se structurer et assurer les successions managériales et patrimoniales, conseille BCG.