L’agence de notation américaine a procédé en fin de semaine à une nouvelle appréciation des économies angolaise, nigériane et tunisienne. Les deux premières, principaux producteurs de pétrole sur le continent continuent de payer le prix d’une dépendance à l’or noir dont les cours se stabilisent en dessous des 50 dollars.
Nigéria : dérive inflationniste
Si la note de long terme du Nigéria est maintenue à BB-, Fitch a plutôt dégradé les perspectives qui passent de «stables» à«négatives». Certes le pays devrait reconduire une croissance économique de 5%, près de la moyenne de ces cinq dernières années grâce au dynamisme de son secteur privé, mais selon l’agence américaine, la récente dévaluation du Nairas, également en raison de la faiblesse des cours du pétrole, a eu un effet pervers sur l’inflation (9,3% en août et 10% d’ici la fin de l’année). En outre, le déficit du compte courant qui devrait réapparaître en cours d’année, le premier depuis 1998, va mettre à mal les efforts de reconstitution des réserves de changes de la première économie du continent. Fitch exhorte le Nigéria à préciser ses orientations économiques, notamment avec la mise en place de politiques monétaire et de taux de change compatibles, la stabilité macroéconomique et la maîtrise de l’endettement public. Toutes choses qui devraient, entre autres, améliorer le contexte économique du pays.
Angola : trop grande dépendance au pétrole et à la Chine
L’Angola a vu sa note dégradée de BB- à B+ avec des perspectives stables. La réponse d’une hausse de la production de pétrole, 1,83 million de barils par jour contre 1,7 million en 2014, pour essayer de limiter les effets de la chute des cours n’a malheureusement pas eu les effets escompter. Conséquence, selon l’agence, l’économie angolaise devrait se contenter d’une croissance relativement faible,+3%, contre respectivement 4,4% et 6,8% en 2014 et 2013, alors que les autorités tablaient initialement sur une évolution de 6,6%. En plus des recettes publiques durement affectées (alimentées à 80% par les exportations de pétrole), la balance commerciale du pays devrait connaître à nouveau un déficit, une première depuis 2009, en raison, outre la chute des cours du pétrole, de l’érosion de la demande chinoise, principal partenaire commerciale du pays.
Toutefois, note Fitch, la dévaluation de la monnaie nationale (le kwanza a perdu 25% de sa valeur depuis le début de l’année), la libéralisation des prix du carburant, les coupes budgétaires ainsi qu’une bonne anticipation de l’évolution des cours (budget élaboré sur la base de 40 dollars le baril) sont des points positifs qui augurent d’une évolution encourageante de l’économie angolaise.
Tunisie : poursuivre les réformes
Fitch conserve le BB- de la Tunisie avec des perspectives «stables». L’agence indique que les perspectives économiques du pays restent «incertaines» (avec une croissance qui devrait « rester très faible ») en raison du risque terroriste qui affecte en particulier les secteurs du transport et surtout du tourisme qui représentent «12% du PIB». A une inflation modérée, et un déficit du compte courant en légère amélioration (- 8,8% du PIB), Fitch oppose un déficit budgétaire, 52% du PIB, qui contrarie les prévisions du gouvernement. Cependant avec le soutien de la communauté des bailleurs de fonds, le pays pourrait bénéficier de plus de 300 millions de dollars du FMI, est de nature à impacter positivement une situation économique difficile.
Par ailleurs, l’agence accueille favorablement les réformes engagées notamment dans le secteur bancaire avec la recapitalisation des banques publiques ainsi de l’environnement des affaires qui pourraient induire une évolution positive des prochaines notations.