La plupart des pays africains, qui sont aujourd’hui considérés comme des pays à faibles revenus, connaîtront une transition vers le statut de pays à revenus moyens dans les 15 ans à venir ; et tous, sauf un, seront des pays à revenus moyens d’ici 2050, selon le Rapport Annuel sur les Tendances et Perspectives (ATOR) diffusé le 03 septembre 2015.
Le Rapport ATOR, publié par le Système d’Analyse Stratégique et de Gestion des Connaissances (RESKASS), un programme facilité par l’Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires (IFPRI), examine les tendances actuelles et futures qui sont susceptibles de façonner la trajectoire des économies africaines. En tant que deuxième région avec la croissance la plus rapide au monde, l’Afrique, a bénéficié d’une solide croissance économique ces dernières années.
Cependant, ce progrès n’a pas suffit à rattraper les décennies perdues de stagnation économique qui ont précédé la récente relance. De plus, les avantages de cette croissance n’ont pas eu de retombées sur la population au sens large. Aujourd’hui, beaucoup trop de personnes vivent encore dans la pauvreté et la pénurie alimentaire. « Bien que la performance de croissance récente soit encourageante, les pays africains font toujours face à des défis majeurs en termes de réduction de la pauvreté et d’élimination de la faim et de la malnutrition », a déclaré Ousmane Badiane, Directeur IFPRI pour lAfrique. « Ce rapport montre que les décideurs doivent continuer à affiner les politiques, améliorer les institutions et augmenter les investissements, afin de maintenir/accélérer le rythme de la croissance et de soutenir son caractère inclusif et étendu.
Les résultats de leurs décisions peuvent marquer la différence entre la pauvreté persistante et une future prospérité, partagée pour bon nombre des populations les plus vulnérables en Afrique. »Le rapport a mis en avant les points suivants : LAfrique sub-saharienne, devrait connaître une croissance économique plus soutenue en termes de PIB par habitant, entre aujourdhui et 2030-2050. D’ici 2050, le changement climatique entraînera une augmentation de 25% du prix des céréales, en comparaison avec un scénario sans le facteur de changement climatique. Les tendances qui sont susceptibles d’influencer la trajectoire des économies africaines sont, entre autres : des prix plus volatiles pour les denrées alimentaires et l’énergie; une urbanisation rapide, une augmentation des revenus et l’apparition d’une classe moyenne; une croissance rapide de la population jeune qui entre dans la population active ; une plus grande variabilité du climat; et une agriculture qui représente la plus grande source d’emplois. Les régimes alimentaires changent en Afrique en réponse à l’urbanisation rapide et à l’apparition dune classe moyenne.
50% de la population africaine devrait habiter dans les zones urbaines d’ici 2020. Les aliments transformés représentent aujourdhui une partie significative des achats en denrées alimentaires, même parmi les populations rurales pauvres. Les régimes alimentaires ont également évolué de la consommation des graines à l’horticulture, aux produits laitiers, à l’élevage, à la pêche et aux légumineuses. Le changement structurel en Afrique contribue à présent à la croissance de la productivité. Le secteur informel des biens et des services (ex. : les articles de maison et les produits artisanaux, le traitement des produits alimentaires de base) connaît une progression régulière et doit jouer un rôle majeur dans la future croissance et dans l’industrialisation. L’industrialisation en Afrique est restée faible et a peu contribué à la récente relance de la croissance en Afrique.
La nouvelle stratégie industrielle doit être centrée sur l’investissement dans les infrastructures, en particulier l’énergie, les transports et l’approvisionnement en eau. « Comme cela a été envisagé dans la Déclaration de l’Union Africaine à Malabo, pour transformer les économies africaines, il faudra veiller à ce que la croissance future soit largement répandue et inclusive, en tenant compte plus particulièrement des femmes et des jeunes, qui sont des composantes essentielles de l’Afrique que nous voulons telle qu’elle est décrite dans l’agenda de l’Afrique pour 2063 » a déclaré son Excellence Tumusime Rhoda Peace, Commissaire de l’Union Africaine (CUA) à l’économie rurale et à l’agriculture. « Cest là, un moyen sûr de créer de la richesse et de générer des emplois » a-t-elle ajouté. Le rapport a été rendu public RESKASS organisée par la CUA et lIFPRI à Addis-Abeba.
Par Albert SAVANA