«L’Afrique, un géant qui refuse de naître: la solution, c’est de tout reprendre à zéro». Voilà un livre paru chez l’Harmattan et qui ne devrait pas échapper aux économistes, aux universitaires en général et à tous ceux qui s’interrogent sur les paradoxes d’un continent immensément riche mais à la population démunie.
Écrit par L’ivoirien René N’GUETTIA KOUASSI*, ce livre n’a rien d’un essai d’apesanteur. L’auteur n’a pas le confort de l’observateur déconnecté puisqu’il est Économiste de l’Union Africaine en poste à Addis Abeba. Son livre préfacé par Carlos Lopes, actuel secrétaire général exécutif de la Commission Economique Africaine (CEA) et Jean Ping, ancien président de la Commission de l’Union Africaine, n’est pas non plus institutionnel. A l’image de l’auteur, ce livre est une synthèse d’une longue expérience de l’évolution de la problématique de développement qui traverse le continent de haut en bas.
Tout le monde, écrit René Kouassi, est unanime à reconnaître «l’immensité des ressources en tout genre dont regorge l’Afrique pour devenir un des géants de la planète. Et pourtant elle ne parvient toujours pas à se positionner sur la voie de la croissance forte et du développement durable. Sur les 19 pays que compte le G20 un seul est africain : l’Afrique du Sud ; alors que le continent en compte 54. Après plus d’un demi-siècle d’autonomie relative dans la gestion des affaires publiques, tous les modèles expérimentés pour sortir l’Afrique du cul-de-sac de la pauvreté et de la misère se sont essoufflés sans atteindre les résultats escomptés ; et ce dans tous les secteurs de la vie économique et sociale».
Pourtant, il convient de ne pas céder au pessimisme même si l’expression «l’Afrique refuse de naître» rappelle vaguement un certain «Et si l’Afrique refusait le développement». Le panafricaniste Kouassi n’est pas dans le même registre qu’Axelle Kabou laquelle, avait failli tomber dans le puits de certains essentialistes qui considéraient que les organisations sociales africaines étaient des obstacles au Developpment. L’économiste ivoirien, lui, reste dans l’analyse des faits et évite des hypothèses.
«Donc, tout porte à croire , écrit-il, que le géant africain refuse de naître, alors qu’il jouit de tous les moyens nécessaires. L’agriculture africaine a failli à sa mission. L’industrialisation du continent est bloquée. Le processus d’intégration continentale a du plomb dans l’aile. L’école africaine a raté sa cible. La gouvernance en Afrique n’est que du bricolage. L’Afrique se trouve dans la tourmente des partenariats que lui propose le reste du monde. Près de 70% d’Africains n’ont pas accès à l’électricité. L’Union africaine est frappée d’inertie. Que faire pour sortir de cet immobilisme ?»
Cet ouvrage propose à l’Afrique de reprendre tout à zéro, sans quoi il lui sera impossible de s’extraire de cet immobilisme aux relents pathologiques. Il justifie le bien-fondé de cette option et met en lumière des thérapies appropriées permettant à l’Afrique de se développer, d’avoir une voix audible et respectée et de recouvrer toute sa dignité.
De nationalité ivoirienne, est titulaire d’un doctorat en économie (Ph.D) et d’un doctorat de troisième cycle en économie du développement. Il est également titulaire d’un Diplôme d’Études Approfondies (DEA) en aménagement du territoire et lauréat de la Bourse d’excellence Aupelf/Uref. Actuel Directeur du Département des Affaires économiques de la Commission de l’Union africaine depuis juillet 2004, il a occupé, entre autres, les fonctions de Directeur de Cabinet Adjoint du Secrétaire Général de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) et de Directeur de Cabinet du président intérimaire de la Commission de l’Union africaine.