Avant même la fin du décompte macabre des victimes de l’attentat qui a endeuillé Sousse (38 morts et 36 blessés à 140 km de la capitale), vendredi 26 juin 2015, le britannique Thomas Cook annonçait avoir suspendu toutes ses activités sur ce pays.
L’allemand TUI, l’autre géant de l’industrie touristique mondiale, en fera de même à quelques minutes d’intervalles via sa filiale belge, dont les ramifications, Jetair, Sunjets.be et VIP Selection ont annulé tout mouvement en direction de la Tunisie. Le communiqué mentionne: «jusqu’à nouvel ordre».
L’effet est immédiat. Un appareil de la compagnie Belge Jetairfly qui ralliait l’aéroport d’Enfhida a rebroussé chemin.
De son côté, TUI France, important émetteur de touristes vers les plages tunisiennes, propose un report sans frais pour tous ses clients jusqu’au 10 juillet.
Le syndicat français des agences de voyages (SNAV) et le Seto (tours opérateurs ) adoptent la même position de repli fort compréhensible d’ailleurs au vu des événements tragiques.
Pendant ce temps, c’est le sauve-qui peut dans les plages de Sousse mais aussi à Hammamet et Djerba. Une véritable panique s’est emparée des belles stations balnéaires de ce pays réputé pour son rapport qualité-prix.
Par autobus, des vacanciers belges, français, allemands et russes ont rallié les aéroports les plus proches. Quelque 13 vols bourrés de touristes ont quitté différents aéroports de la Tunisie dans la journée d’hier.
Encore convalescent de l’attentat du musée Bardoo (2o morts en mars dernier), le tourisme tunisien échappera-y-il à la décapitation de la part de ceux la même qui veulent mettre un terme à cette expérience démocratique du monde arabe?
«Si tous les tours opérateurs adoptaient la même attitude que Thomas Cook, TUI ou encore le Quai d’Orsay, lequel déconseille vivement aux ressortissants français de se rendre dans ce pays, l’Etat islamique aura remporté son pari», déplore un hôtelier tunisien.
Dejà fragilisé depuis le printemps arabe, l’hôtellerie tunisienne qui a enregistré une baisse de 19% des packages durant l’été dernier, qui sera suivie de 27% (avant attentat de Sousse) cet hiver, devra encore encaisser ses pertes, licencier et mettre du personnel en chômage technique en attendant un retour à la normale qui s’annonce long et compliqué.