C’est mardi aux environs de 12 heures que le President malien, Ibrahima Boubacar Keita, a informé le premier ministre, Moussa Mara, de son intention de changer de chef de gouvernement. Le limogeage, formalisé le 8 sous forme de demission, répond aux voeux formulés quelques jours plutôt par le Rassemblement pour le Mali (RPM), la bouillonnante majorité présidentielle, qui exigeait la tête du premier ministre.
A la place du jeune expert comptable et ancien maire de la commune IV de Bamako, le président IBK a opté poour Modibo Keita (photo) chef de file des négociateurs de l’Etat malien aux pourparlers d’Alger. Ce choix procéde d’une volonté du locataire du palais de Koulouba de reprendre la main sur le dossier du grand Nord mais aussi de se débarrasser d’un premier ministre qui n’a jamais su faire taire les critiques.
En filigrane, l’on peut voir à travers le nouveau profil de PM, une manœuvre du président IBK désireux de tenir à bonne distance ses encombrants soutiens du RPM en leur imposant quelqu’un qui n’est pas de leur bord.
Longtemps pressenti à ce poste, Bokary Treta, ministre du développement rural, n’a pas été retenu en dépit d’une campagne musclée conduite par la jeunesse du RPM dont l’un des leaders, Moussa Timbiné, tête brûlée habituée des faits, menaçait de boycotter le President en cas de désignation d’un premier ministre en dehors du RPM. Bokary Treta qui est aussi secretaire général du RPM pourrait par contre hériter du siège ejectable des Affaires Étrangères. A confirmer.
En principe, deux ministres, cités dans le scandale de l’avion présidentiel, ne feront plus partie de la nouvelle équipe qui sera connue dans les prochaines heures. Farouchement combattu par les partisans du président IBK, Moussa Mara s’était confronté dès le lendemain de sa nomination en mai 2014 à une crise sans précédent née de sa visite controversée à Kidal consécutive à la perte de ce bastion par l’armée et l’administration malienne. La malheureuse visite avait coûté la vie à 8 préfets et provoqué la démission du ministre de La Défense.
S. Maiga, Bamako