Contre la règle non écrite et contre l’équilibre de l’Organisation internationale de la Francophonie, logée et financée en grande partie par les pays du Nord, voilà que le poste de secretaire général de l’OIF échoit à la canadienne Michaëlle Jean.Michaëlle Jean, polyglotte, ancienne gouverneur général du Canada, succède à Abdou Diouf. La victoire à l’arraché de la représentante de ce pays clé, une victoire de raison, le Canada etant un grand bailleur, laissera plus que des traces. C’est une fracture béante entre le Nord et le Sud. Le grand perdant dans ce jeu est l’Afrique divisée entre une foultitude de candidatures dont certaines, malvenues, ont accentué les rivalités. Le continent qui abritera le plus nombre de personnes de locuteurs francophones en 2050 donne désormais le sentiment d’être devenu un observateur d’une Organisation logée à Paris administrée et dirigée par des canadiens. Accusant de fortes lacunes sur l’Afrique qu’elle ne connaît pas, Michaëlle Jean, a tout un mandat pour se familiariser avec un continent qu’elle a, méthodiquement, snobé et ignoré pour se concentrer sur Paris et Bruxelles, là où se joue l’élection selon ses soutiens. Au vu du résultat l’on est tenté de lui donner raison. L’Afrique est le poids mort – en tout cas peu décisif- de la francophonie. Durant sa campagne, elle avait appelé à une francophonie économique. Gageons qu’il ne s’agissait pas seulement d’un slogan.
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