Le Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières (CDVM) fait état d’un projet d’offre publique de retrait visant les titres de laCompagnie Générale Immobilière (CGI). Déposé le 21 novembre, ce projet porte sur les titres CGI non détenus par CDG Développement et CDG. A l’issue de cette offre, CGI a l’intention de demander sa radiation de la Bourse de Casablanca.
Ce projet qui nécessitera une approbation du gendarme du marché pour se matérialiser fait suite au scandale de Madinat Badès au Nord du Maroc (El Hoceima). Tout commence an août dernier quand des clients de la CGI, acquéreurs de biens immobiliers, saisissent directement le roi Mohammed VI par courrier, se plaignant d’un produit non conforme aux engagements pris par le promoteur.
S’ensuit alors une enquête qui aboutit à l’audition d’Anas Alami, directeur de la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), maison mère de la CGI. Cette dernière entité, responsable au premier chef, n’est pas épaargnée. Son directeur, Ali Ghannam ainsi que 22 cadres sont aussi auditionnés. Les deux hauts responsables sont provisoirement suspendus de leurs fonctions. La décision de la radiation, annoncée tambour battant, a surpris le marché financier qui ne s’attendait pas à une telle extrémité.
Pour le ministre marocain de l’Economie et des Finances, Mohamed Boussaid, « les petits porteurs ne seront pas lésés », a-t-il tenu à rassurer, se faisant par moments le porte-parole du conseil d’administration. ‘‘Il y a désormais un changement dans la stratégie de la CGI pour se focaliser davantage sur le service public plutôt que sur l’intérêt commercial. Une nouvelle ligne qui ne va pas forcément privilégier la rentabilité. Chose qui motive, de facto, l’OPR’’.
Si les petits porteurs représentent 5% des détenteurs d’actions CGI, leur avis constituent le baromètre de la bonne réputation d’une place financière. Pas moins de 20 radiations ont eu lieu depuis les années 2000. Pour la seule année 2010, quelque 4 sociétés ont décidé de se désengager de la place financière marocaine pour diverses raisons. Le couple ONA-SNI constitue le fait marquant de ce processus qui commence sérieusement à inquiéter les fonds d’investissements et les investisseurs en général. Les petits porteurs se rappellent particulièrement le retrait de la BNDE (Banque nationale pour le développement économique) au début de l’année 2000 quand ils se virent proposer une offre ferme qui dégradait leur mise. Certes, les temps ont changé. Mais qui peut leur garantir que la CGI proposera une offre correspondant à leur prise de risque?