La psychose provoquée par l’épidémie d’Ebola menace l’économie des pays de l’Afrique de l’Ouest. Plus que le virus, ce sont les fermetures de frontière et les mises en quarantaine qui risquent de coûter cher .
Il y a d’abord le constat du FMI: « l’épidémie d’Ebola a un grave impact économique et social sur la Sierra Leone, le Liberia et la Guinée ». Puis les avertissements du président de la Banque Africaine de Développement, Donald Kaberula, pour qui la crise sanitaire qui sévit en ce moment en Afrique de l’Ouest pourrait coûter entre 1 et 1,5 point de PIB aux trois pays déjà fragiles.
Même la Côte d’Ivoire, locomotive de la région, encore indemne, en paiera le prix, a prévenu M. Kaberuka qui implore les dirigeants politiques à ne pas céder à la panique.
Il y a ensuite les assurances de l’agence de notation Standard and Poor’s pour qui le virus Ebola n’affectait pas les notations souveraines des pays ouest-africains. Assurances qu’il faut complèter par le rapport de l’agence Moody’s, émis à la mi-août et qui prévoit une aggravation des déficits budgétaires des pays les plus affectés en raison de l’augmentation des dépenses de santé.
Pis encore, la crise sanitaire risque d’affecter les exportations d’hydrocarbures du Nigeria où l’on déplore 5 morts à la fin août. En cas d’aggravation, Moody’s estime que les compagnies pétrolières feront évacuer leur personnel expatrié et imposeront des restrictions qui affecteront leur productivité. En somme, la baisse des exportations est à prévoir dans ce schénario catastrophe.
Les analystes de Financial Derivatives Company rejoignent Moody’s en estimant qu’Ebola pourrait coûter 3,5 milliards de dollars d’ici décembre si elle n’est pas contrôlée.Entre ces différents points de vue, il y a la réalité du terrain: la saison agricole menacée au Liberia, le chacun pour soi, la mise en quarantaine des pays les plus touchés et, à l’intérieur de ceux-ci, des régions et des villages les plus affectés. Bref, une psychose collective qui provoque des réactions politiques extrêmes: fermeture des frontières terrestres, annulations des liaisons aériennes et interdiction d’accoster aux bateaux provenant des pays touchés par Ebola.
De pareilles mesures de coercition afro-africaines, aux antipodes des directives de l’OMC et des hymnes à l’Unité africaine entonnées quand tout va bien, tendent à provoquer une panique générale qui n’épargnera pas les Investissements directs étrangers, les recettes touristiques, les comptabilités des compagnies aériennes (Asky va reporter son point d’équilibre prévu de longue date en 2015) et in finé les exportations agricoles ouest-africaines en général.