Combattue depuis bientôt 18 mois pour différentes raisons, la sud-africaine Nedbank se présente désormais dans les habits du sauveur.
Il y a urgence de fonds propres chez Ecobank, notamment chez Ecobank Nigeria et Ecobank Kenya, deux filiales en ligne de mire des régulateurs de Lagos et Nairobi. C’est dans ce contexte particulier de pression règlementaire que La filiale nigériane d’EcobankTransnational Incorporated (ETI), responsable de la montée des créances en souffrance de la maison mère, a récemment levé 250 millions de dollars à des conditions, taux, primes et commissions qui feront l’objet d’un article ultérieur.
Les quasi- fonds propres récoltés dans cette émission subordonnée viennent en tier 2. A la suite de l’opération, le ratio d’adéquation des fonds propres (CAR) d’Ecobank Nigeria s’établit à 16,5% contre 13,3% à la fin du premier semestre 2014. En dépit de cette émission subordonnée, la filiale reste sous pression de la banque centrale du Nigeria (CBN) qui la somme d’améliorer son tier 1.
Tout comme la filiale nigériane, Ecobank Kenya fait face à un ratio d’adéquation de fonds propres de 12,2%, nettement en dessous du minimum de 14,5% fixé par la banque centrale du Kenya et aussi par les régimes de Bâle II et Bâle III.
Pour le moins, ce bas niveau de fonds propres expose la banque africaine à des tentatives de prise de contrôle au rabais. Combattue depuis bientôt 18 mois pour différentes raisons, la sud-africaine Nedbank se présente désormais dans les habits du sauveur.
Lors d’une récente conférence dédiée aux investisseurs, le directeur général d’Ecobank, Albert Essien, s’est montré favorable à la conversion en actions du prêt de 285 millions de dollars consenti par la banque sud-africaine il y a trois ans. Selon l’accord conclu, cette opération interviendrait d’ici novembre.
Consciente de sa position de force, Nedbank a désormais l’intention de réaliser cette conversion de capital au moindre coût, c’est à dire à ses conditions. La banque injectera 206 millions de dollars supplémentaires pour franchir la barre de 20% dans le tour de table d’Ecobank. Ecobank la panafricaine verrait alors son CAR bondir pour atteindre 18,7%, au dessus des dispositions règlementaires. Fortement endettée, Ecobank espère aussi une autre conversion de dettes en actions . Il s’agit du prêt de 58 millions de dollars concédé par la Banque Européenne d’Investissements (BEI). Notons par ailleurs que la SFI a récemment converti ses dettes en actions. Ces différentes opérations, dictées par la logique du marché, diluent le caractère panafricain d’Ecobank, devenue une banque opéable à merci.