Les 1000 premières banques de la planète ont réalisé un bénéfice cumulé de 920 milliards de dollars en 2013, suivant le classement annuel du magazine The Banker. Ce classement est riche en surprises.
Le bénéfice imposable combiné des banques chinoises s’est élevé à 292 milliards de dollars en 2013, soit 32% du bénéfice global du secteur, lequel était en hausse de 23% sur celui de 2012. En comparaison, les américaines ont dégagé un bénéfice cumulé de 183 milliards de dollars, soit 20% du total mondial. La suprématie chinoise est encore plus éclatante au niveau du classement individuel. Ainsi, Industrial and Commercial Bank of China (ICBC), China Construction Bank, Agriculture Bank of China and Bank of China occupent les quatre premières places du classement. The Banker relève que les banques africaines ont réalisé le meilleur rendement du capital l’an passé – de 24% – soit le double de la moyenne du reste du monde et six fois le rendement moyen des banques européennes.
Un commentaire
Au regard des chiffres annoncés par les CA et approuvés par les AG de plusieurs banques de l’espace UMOA, non encore agrégés par la Commission Bancaire, la tendance haussière des résultats se confirme. La moisson a été plus que fructueuse: les bénéfices sont à deux chiffres en milliards de FCFA pour plusieurs « SUMO ». Le critère de 200 milliards de FCFA de total bilan pour être qualifié de « grande banque » par la Banque centrale va certainement être relevé à 300 milliards ou plus.
Notre zone présente, au moins, deux paradoxes singuliers :
– Les banques se portent bien alors que l’économie des pays qu’elles sont censées financées se porte très mal. La totalité des 14 pays de l’UEMOA et de la CEMAC sont des PMA, les pays les plus pauvres au monde. Ce statut n’a guère changé en 54 ans d’indépendance alors que les banques existent dans notre zone depuis 1855 (la Banque du Sénégal, créée le 21 décembre 1853 par décret de Louis Napoléon Bonaparte, a effectivement commencé ses activités le 04 août 1855. En 1935, avec le véhicule de la BAO, presque tous les pays de l’UEMOA avaient leurs agences bancaires).
– Nos places bancaires offrent le retour sur investissement (ROI) le plus élevé au monde alors que presque tous nos pays sont en « D » (la plus mauvaise note de risque pays)! Sur la base d’analyses personnelles (avec la fourchette haute d’un capital initial à 10 milliards de FCFA), on arrive à rentabiliser l’investissement (création en greenfield) au bout de 4 ans quelque soit le modèle économique (banque universelle vs banque élitiste)ou le pays de l’UMOA. Demander aux cabinets de conseils (banques d’affaires) de vous faire part de leurs projections sur d’autres places bancaires dans le monde. Pour rentrer dans vos fonds, il va vous falloir patienter au moins une décennie au mieux, sinon un quart de siècle en moyenne.
Doit-on s’étonner que les places bancaires en Afrique soient les plus chères (en taux d’intérêt), les plus liquides (en trésorerie) et les moins bancarisées au monde (moins de 10%) ? Ceci explique cela.
Je reviendrai en détails sur ce couple rentabilité/risque des établissements de crédit lors de mon étude annuelle sur le secteur bancaire de l’UMOA, dès publication du rapport 2013 de la Commission Bancaire.
Cheickna Bounajim Cissé