– Khalifa Sall, un adversaire de taille en 2017
– Benno Bok Yakaar, une coalition à l’agonie.
Les résultats provisoires des élections municipales, départementales et régionales du 29 juin au Sénégal sont sans équivoque: l’Alliance pour la République (APR) du président Macky Sall a subi une défaite retentissante dans la capitale et les villes décisives de Podor, Dagana, Saint Louis, Touba, Thies et Ziguinchor. Dans toutes ces localités, le parti au pouvoir est battu par des opposants ou des dissidents mécontents.
symbole de la déroute, la défaite de la liste du premier ministre, madame Aminata Touré, devancée à Grand Yoff Par le maire sortant, Khalifa Sall, un cador du parti socialiste, membre de la coalition au pouvoir, cet armada de partis qui avait soutenu le président Macky Sall lors de son triomphe aux présidentielles de 2012.
Deux ans après ce sacre, la machine APR semble émoussée par les querelles autour des listes électorales. Le triomphe de Khalifa Sall dans 15 des 19 communes que compte Dakar en fait un puissant présidentiable en 2017, à condition que son chef de parti, Tanor Dieng, accepte la logique d’une alternance bénéfique au parti de Senghor et d’Abdou Diouf eu égard à ses faibles scores aux présidentielles depuis l’an 2000.
La démission du ministre de la Communication et de l’Economie Numerique, Bamba Dieye, défait contre toute attente dans son fief de Saint Louis, sera sans doute suivie d’autres annonces. Peu de ministres en fonction, à l’exception de celui de l’Energie, Aly Ngouille, vainqueur à Linguère, ont pu sortir victorieux de ce scrutin-piège. A l’instar de Latif Coulibay, ministre porte-parole du gouvernement, battu à Sokone, de Thierno Alassane Sall, ministre du Transport et des Infrastructures Terrestres, battu à Thies par l’éternel maire et opposant Idriss Seck de Rewmi, les collaborateurs du président Macky Sall ont fait face à la dure réalité du terrain politique.
Le porte-parole de l’APR, Seydou Gueye, a aussi échoué de faire élire sa liste dans le quartier de la Médina, fief de l’idole de la chanson sénégalaise, Youssou Ndour, par ailleurs ministre-conseiller à la présidence et fervent soutien l’APR.
Parmi les raisons avancées pour expliquer cette déroute, il y a tout d’abord cette incapacité de l’APR à être la locomotive de la majorité présidentielle Bonno Boko Yaakar partie en rangs dispersés. Fondé en 2008, le parti de Macky Sall constate à grands frais sa faible implantation à l’intérieur du pays. D’aucuns lient cette défaite aux attentes non satisfaites des sénégalais qui avaient cru en la seconde alternance. Les problèmes récurrents d’eau et d’électricité n’ont pas été d’un grand secours pour un pouvoir incompris dans sa politique de traque des biens mal acquis assimilée souvent à une instrumentalisation de la justice par le politique. De même, ajoute-t-on dans les rangs des fins connaisseurs des arcanes de la politique sénégalaise, la coalition au pouvoir Benno Bok Yaakar n’a pas fonctionné. Le chacun pour soi l’a nettement emporté. Aujourd’hui cette coalition hétéroclite dont l’utilité sociale était d’empêcher Wade de briguer un troisième mandat a montré ses limites. Pas sûr en effet que le Parti Socialiste, qui renaît de ses cendres, puisse accepter de continuer à jouer les seconde rôles derrière un assemblage fait de bric et de broc.
Plus de 5,3 millions d’inscrits étaient appelés à choisir entre plus de 2 700 listes contre 1 600 aux dernières locales de 2009. La Commission nationale électorale autonome (CENA) avait déployé 7000 superviseurs et 13000 contrôleurs dans les 12378 bureaux de vote installés pour ces élections locales..Le scrutin, qui s’est déroulé sans incident majeur, devait désigner les conseillers municipaux et départementaux dans 602 collectivités locales, qui éliront à leur tour les maires et les présidents de départements.