L’Union Européenne qui avait décidé, en mars dernier, de modifier les modalités d’entrée de la tomate cerise marocaine sur son territoire vient de faire marche arrière en espérant que ce « sacrifice » va débloquer l’accord de pêche le liant avec le royaume.
La crise a commencé avec la réforme par Bruxelles des règles d’entrée des produits extra-communautaires.
Le nouveau système adopté, en contradiction avec l’accord agricole signé entre les deux parties en 2012, stipule que les fruits et légumes soient dédouanés à partir d’octobre prochain sur la base d’une valeur forfaitaire, sans recours à la valeur réelle, ce qui impacterait négativement la compétitivité des produits marocains.
En clair, le produit venant du Maroc devrait être vendu au prix de la tomate normale sans prendre en compte « la tomate cerise », part croissante des exportations marocaines depuis quelques années.
Cette forte décote obtenue sous la pression des lobbys espagnols qui accusaient leurs concurrents marocains de mélanger tomates rondes et tomates cerises allait retarder la signature de l’accord de Pêche Maroc-UE. Le blocage de ce protocole qui bénéficie principalement aux pêcheurs espagnols a contraint Madrid à revenir à de meilleurs sentiments vis-à-vis de la tomate marocaine.
Pour rappel, Le prix d’entrée de la tomate est de 460 euros/tonne sur le marché de l’Union Européenne. Le Maroc a écoulé 350 000 tonnes en 2013 dont 70 000 tonnes de tomates cerises, produit à forte valeur ajoutée qui atteignait à peine 300 tonnes il y a quinze ans. Quelque 30 000 producteurs marocains dépendent de la tomate. Quant à l’accord de Pêche, conclu en 2013 et en attente de validation royale, il concerne 126 bateaux dont 90% espagnols et un total de 6 000 emplois. L’UE paye une redevance de 40 millions d’euros en guise de droits d’entrée dans les eaux marocaines. En vertu de l’accord agricole signé entre les deux parties en 2012, le Maroc peut exporter 55 % de ses produits sans droits de douane, contre 33 % auparavant, et les exportations de l’UE vers le Maroc devront passer sur 10 ans à 70 % sans droits de douanes.