A l’heure où s’écrivent ces lignes, les djihadistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui ont pris possession de la principale raffinerie de Baïji, sont aux portes de Bagdad. Déclenchée le 9 juin, l’offensive foudroyante de la milice sunnite rappelle l’invasion de la même ville en 1 258 par les Mongols. A cette différence près que du temps des cavaliers des steppes, l’enjeu était le contrôle des routes commerciales.
Dans la nouvelle invasion de Bagdad, opérée par un groupe qui a développé sa puissance de feu dans le drame syrien avec la bienveillance « des amis de la Syrie », le pétrole et les stocks des banques sont les objectifs intermédiaires recherchés. Pour l’heure, tout se passe comme prévu pour cette branche radicale dont la ligne politique reste la défense des sunnites contre les shiites . A Mossoul, deuxième ville irakienne, l’EIIL a mis la main sur 490 millions de dollars de réserves de la Banque centrale. Cette offensive vue d’un bon oeil à Riyad est condamnée par l’Iran et la Syrie. Les USA qui ont promis l’envoi d’inspecteurs vont-t-ils se démarquer de l’Arabie Saoudite au profit du cercle shiite (Iran, Syrie, Hezbollah)?
Deuxième producteur de l’OPEP, l’Irak ne laisse personne indifférent. Si l’EIIL progresse vers le Sud, où sont concentrés 90% des puits de pétrole, les conséquences seront importantes sur le cours du brent. Déjà fragilisée par la Libye et le Nigeria, l’offre mondiale reste pour le moment stable avec un prix oscillant autour des 115 dollars, la semaine dernière soit son plus haut depuis neuf mois. Les analystes le voient bientôt à 120 dollars si une part substantielle de l’offre irakienne devait être retirée du marché, estiment les analystes de Commerzbank.
Si l’offre pétrolière irakienne s’asséchait et l’instabilité se répandait à d’autres zones du Moyen-orient, « il ne serait pas difficile d’imaginer le prix du Brent atteignant de nouveaux records au-dessus de 140 dollars le baril », affirme à AFP, Julian Jessop, économiste du cabinet Capital Economics, qui n’assigne toutefois que 10% de chance à ce scénario
A noter que pour l’heure, les combats entre les jihadistes et les forces gouvernementales sont concentrés dans le nord et l’ouest du pays alors que les installations pétrolières sont principalement dans le sud tandis que la région autonome du Kurdistan – également épargnée par le conflit – a l’ambition d’augmenter ses propres exportations de brut, malgré le désaccord de Bagdad.