Le capital minimum des banques passe de 6 à 9 milliards de FCFA (soit de 15 à 22 millions d’euros) à partir du deuxième semestre 2014. Cette forte exigence capitalistique vis-à-vis des établissements de crédit est à comparer avec la zone CFA où le minimum exigé est de 7,6 millions d’euros.
Dans le cas particulier de la Mauritanie, qui évolue sous le régime de Bale II, ce relèvement s’explique tout d’abord par une volonté de réfréner l’appétit des investisseurs tant nationaux qu’étrangers. Jamais les demandes d’agrément n’ont été aussi fortes, note-t-on à la Banque Centrale de Mauritanie. Aux quinze banques déjà opérationnelle devront s’ajouter bientôt trois nouveaux établissements. « Si un demandeur rempli les conditions techniques et financières exigées, nous n’avons pas le choix: il faut lui délivrer son agrément », explique t-on auprès de la Banque centrale en réponse à ceux, nombreux, qui estiment que le nombre d’acteurs est élevé dans un pays, certes de seulement 3 millions d’habitants mais en plein boom économique.
La délivrance de l’agrément reste fortement encadré. Ainsi, le capital minimum, à libérer entièrement. doit être réuni dans les 6 mois après l’attribution de la licence. En dépit de ces exigences, les investisseurs restent demandeurs, attirés par un secteur qui ne connaît plus de rationnement de devises comme dans les années 2000 et jusqu’au milieu des années 2000 et qui se positionne fortement dans le commerce extérieur, les transactions impliquant le secteur minier et pétrolier et, phénomène nouveau, la demande des classes moyennes en crédit immobilier et services financiers à forte valeur ajoutée.
La forte concurrence notée entre les acteurs pousse les banques étrangères à élargir la gamme de leurs activités au delà des grandes entreprises et des grands comptes. De même, L’axe Nouakchott-Nouadhibou ne constitue plus le seul intérêt des intermédiaires de crédit. Ceci grâce toit d’abord à l’émergence des pôles urbains à potentiel élevé mais aussi du fait de la réglementation qui exige au moins 3 agences dans des villes différentes. L’autre raison qui pousse l’institution centrale à relever les minimums requis reste le taux élevé des « non performing loans »( créances non performantes) qui dépassent 20%, constituant le passif des années 80 quand des crédits étaient accordés massivement sans garanties suffisantes. Pour refermer définitivement cet épisode, la Mauritanie a édité une loi sur le recouvrement des créances bancaires qualifiée de révolutionnaire par les observateurs car pouvant désormais traquer le débiteur de mauvaise foi jusque dans ses cercles de parenté. L’introduction d’un nouveau État civil, avec un fichier biométrique, devrait permettre des baisses significatives du risque crédit, note divers banquiers interrogés par Financial Afrik. La récente constitution d’une centrale de risque en partenariat avec la Banque Mondiale devrait permettre aux acteurs de recouper leurs informations pour une meilleure mesure du risque. La ligne de 50 millions de dollars mise en place par l’Etat et d’idée au refinancement des banques devrait hâter la décrispation du marché du crédit.
Le retour de la confiance s’apprécie à la forte baisse des taux débiteurs, passés de 22% en 2004 à 11% en moyenne à la fin 2013. Seulement, en dépit de ces tendances positives, le secteur bancaire mauritanien reste encore marginal du point de vue de la bancarisation (taux en deçà de 10%) et du point de vue de sa contribution au financement des PME. Disposant de ressources courtes, les établissements bancaires se positionnaient jusque-là sur des engagements à court, voire très court terme. En attendant que la CDD (Caisse de Dépôt et de Développement) prenne son envol, le secteur pâtit de l’absence de transformateurs de ressources courtes en ressources longues.
.
2 commentaires
Bonjour
Merci de vérifier vos conversions F CFA/EUR. Par ailleurs, la capital social minimum des établissements de crédit en Zone CEMAC est désormais de 10 milliards de F CFA (Règlement COBAC R-2009 / 01), soit environ 15 millions d’Euros et non pas 7,6 millions d’Euros comme annoncé dans votre article. Peut-être faudrait-il apporter cette précision, au risque de d’égarer certains de vos lecteurs.
Monsieur Kamga
Merci pour votre intérêt. Effectivement, le capital minimum en zone CFA est de 10 milliards de FCFA. Il nous semble cependant que cette décision devrait s’effectuer en deux étapes avec une phase transitoire de 5 milliards FCFA.
La redaction de Financial Afrik