La Chine peut-elle mettre le feu à l’économie mondiale ?
Le 7 mars dernier, le fabricant de panneaux solaires Chaori Solar Energy Science & Technology s’est déclaré en défaut de paiement, incapable qu’il était de rembourser les 10,7 millions d’euros d’intérêts dus sur des obligations émises en 2012.
Une faillite d’entreprise, quoi de plus banal ? En Europe, nous y sommes tristement habitués. Les faillites et les défauts se sont d’ailleurs multipliés à la faveur de la crise. Mais pour les Chinois, c’est très loin d’être le cas. Car cette entreprise était publique. Or c’est la première fois que Pékin laisse ainsi une de ses entreprises faire défaut.
Immédiatement, le monde financier et économique s’est emballé : était-ce le début d’une série de défaut en Chine ? Chaori Solar allait-il être le Lehman Brothers chinois ? Inquiétude d’autant plus justifiée que l’empire du Milieu ne cesse de publier des chiffres en dessous des attentes.
La schadenfreude chinoise
Dans la presse occidentale et pour les investisseurs, des alarmes retentissent dès qu’il s’agit de la Chine.
Le problème de cette dernière, c’est que cette économie a fonctionné et très bien en dehors des sacrosaintes règles édictées par ce que j’appellerai de manière très imprécise et globale : le libéralisme américain. Pas de démocratie, grande présence de l’Etat, rôle du marché réduit à portion congrue, etc., etc. Bref, normalement, la Chine ne devrait pas s’être imposée comme une des principales économies de la planète.
Si bien qu’alors que, depuis 3 ans environ, le pays montre des signes manifestes de ralentissement économique, c’est la liesse dans la presse occidentale. De la schadenfreude, comme disent nos amis d’outre-Rhin qui ont des mots pour tout ou presque, de la joie provoquée par le malheur d’autrui.
Les derniers chiffres en provenance de l’empire du Milieu sont effectivement inquiétants. Pas un pour sauver l’autre. Pour résumer, la production industrielle, les exportations, les ventes au détail et le niveau d’investissement sont en fort recul.
Le cas de la production industrielle est emblématique. En janvier-février dernier, elle n’a augmenté que de 8,6% en rythme annuel, soit un plus bas depuis avril 2009.
Un lourd problème de dettes
Outre ce ralentissement marqué des différents composants de l’économie chinoise, c’est aussi l’ampleur du shadow banking associé au risque de la dette qui inquiète les commentateurs. C’est un sujet que nous avons abordé dans de précédentes Quotidiennes. Les gouvernements locaux, les banques, les entreprises et les particuliers se sont gavés de mauvaises créances, d’investissements financiers douteux échappant en très grande partie à la régulation, d’où le terme de finance de l’ombre.
L’endettement total (privé + public) officiel chinois est passé de 130% du PIB à 210% actuellement. Voire même plus. Certains chiffres donnent littéralement le tournis dès qu’il s’agit de la Chine et de sa dette. Le site Zerohedge propose ainsi une comparaison entre l’augmentation du bilan des banques américaines et chinoises depuis 2008.
Banques américaines : +2 100 milliards de dollars
Banques chinoises : +15 400 milliards de dollars
[NDLR : Les banques chinoises ne sont pas les seules à représenter une menace réelle pour l’économie mondiale. Dans le rapport Banques, vos vrais risques, Mory Doré s’intéresse… à votre banque ].
Quels établissements bancaires sont les plus fiables actuellement selon nos critères ? Comment équilibrer vos risques au mieux de ce qu’offre le marché actuellement ? Quels produits d’épargne priviléger ?
Au total, les banques chinoises détiennent pour 24 000 milliards de dollars d’actifs, soit 2 fois et demi le PIB chinois.
Combien de ces actifs sont pourris et risquent de ne jamais être remboursés ? Tout dépend des chiffres. Certains avancent le chiffre de 30%, d’autres beaucoup plus, d’autres moins…Quoi qu’il en soit, le danger est bel et bien là. Le choix est cornélien. Sauf que… Pékin pourrait avoir choisi une troisième voie. C’est ce que nous verrons dès demain dans la Quotidienne.