A la tête de la Fédération des compagnies d’assurances de droit national africaines (FANAF), Protais Ayangma a conclu ses deux mandats, soit 6 ans de présidence , en apothéose lors de ces 38e assemblées générales qui se tiennent à Ouagadougou jusqu’au 21 février sous le thème évocateur « des nouveaux horizons de l’assurance ». Il faut le dire, les enjeux du secteur sont importants comme en témoigne l’audience (670 délégués venus de tous les pays et de tous les continents) et la forte réactivité observée durant les débats . Avant de céder le flambeau à son successeur Adama Ndiaye, sénégalais de nationalité, dans la pure tradition de la règle non écrite de l’alternance entre l’Ouest et le centre, Protais Ayangma a accordé une interview exclusive à Financial Afrik. En voici les grandes lignes:
Qu’est-ce qu’on retient comme réalisation avec vos deux mandats ?
Il y a incontestablement l’entrée en vigueur du nouvel article 13 (adopté le 11 avril 2011 à Ndjamena et portant modification du code relatif à la souscription et à l’encaissement des primes), qui aujourd’hui fait le bonheur de tous les acteurs, compagnies d’assurances comme intermédiaires.
Nous sommes revenus aux fondamentaux de l’activité avec tout ce que cela implique comme changement de mentalité de la part de certains assureurs
dont le principal argument de vente était la vente à crédit. La mesure
est salvatrice pour les assureurs et les assurés. Il n y a aujourd’hui aucune
raison pour une compagnie de ne pas payer un sinistre. De plus, nous
devenons de plus en plus actifs dans le marché des emprunts obligataires.
Avant cette reforme, les arriérés de primes représentaient près de 55% de
nos chiffres d’affaires. Avec le nouvel article 13, nous sommes passés d’un
taux de recouvrement de 45% à 95% aujourd’hui.
Le saut qualitatif est énorme. De même, avant l’article 13, sur 10 compagnies contrôlées, seules 2 à 3 étaient conformes par rapport aux ratios de solvabilité et de couverture des engagements.
Aujourd’hui l’on est à 5 voire à 6 et ce n’est là que le début. Nous avons enclenché un cercle vertueux qui fera que les compagnies rempliront de mieux en mieux leurs engagements. C’est pour cela que je pense que l’article 13 est la principale réforme de ces dernières années. Par ailleurs, il y a eu beaucoup d’autres avancées moins spectaculaires comme l’agrément des commissaires aux comptes par la CIMA, l’encadrement du coût de l’assistance technique, le
renforcement de la lutte contre le blanchiment, le renforcement du contrôle
des intermédiaires, l’adoption d’une réglementation sur la micro-assurance,
l’obligation de mise en place du dispositif de contrôle interne, l’élaboration des tables de mortalité propre à notre zone…
Il y a lieu de signaler qu’on travaillait sur les tables de mortalité française.