Fadhel Abdelkefi est le président de la bourse de Tunis et Directeur Général de Tunisie valeur, société Tunisienne intermédiaire en bourse et gestionnaire d’actif (placement de fonds et d’ingénierie financière). Tunisie Valeur appartient également à un groupe qui développe aussi du capital développement via ses filiales TUNINVEST et AFRIQUE INVEST. Nous avons rencontré M. Abdelkefi lors de la table ronde organisée à Rabat, le 8 octobre, par le bureau Afrique du Nord de la Commission économique de l’Afrique en partenariat avec le Maghreb Economic Forum sur l’intégration économique Maghrébine. Entretien.
De notre envoyé spécial à Rabat, Dia EL Haj Ibrahima
Peut on penser aujourd’hui à la création d’une Bourses des valeurs mobilières Maghrébines afin l’intégration économique de la région ?
Cela peut être une excellente chose pour tous les marchés de la région. Ceci étant, si l’on fait une cartographie rapide des 5 pays du Maghreb, l’on constate qu’il y a juste quatre marchés. Sur ces quatre, nous avons deux qui sont un peu plus en avance (Maroc, Tunisie) par rapport aux autres (Algérie et Libye). Sans parler d’intégration totale, les relations qui existent entre les marchés marocain et tunisien sont très bonnes, aussi bien au niveau des régulateurs qu’ au niveau des bourses. Mais il nous faut plus de temps. Je pense qu’il faudrait déjà commencer à travailler au départ sur une intégration économique entre les pays avant peut être d’arriver à fusionner ou à créer un marché financier régional.
Le modèle économique de la Tunisie d’avant la révolution était saluée comme une réussite. Qu’en est-il?
Je sais que depuis la révolution Tunisienne que le système économique est resté un peu le même avec quelques ajustements. C’est le cas notamment du budget de l’Etat qui a fortement augmenté du côté des charges du fait des revendications des fonctionnaires et de nouveaux recrutements effectués et qui sont par ailleurs totalement justifiées. Actuellement l’Etat Tunisien dispose d’un budget qui est passé de 18 Milliards de Dinars en 2010 à 28 Milliards en 2013, ce qui fait une augmentation de presque 50% principalement boostée par les salaires et la compensation. Actuellement, le gouvernement fait face à une situation macroéconomique qui, contractuellement, est entrain d’être géré dans une situation économique et politique difficile. Nous pensons que la solution doit être d’abord politique. Il faudrait qu’on se dirige rapidement vers la rédaction définitive de la constitution et des élections libres et transparentes afin de mettre en place un gouvernement stable ayant des objectifs et un mandat clair.
En tant que Manager d’un grand groupe financier Maghrébin, quel regard portez-vous sur les autres pays Africains ?
Personnellement, j’ai d’excellentes relations amicales et professionnelles avec quasiment tous les marchés Maghrébins et ceux de l’Afrique de l’Ouest, du centre et de l’Est.J’ai beaucoup travaillé sur les marchés de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) et j’en compte beaucoup d’amis. Notre logiciel est installé auprès de 12 intermédiaires en bourse en Afrique subsaharienne , présents en Côte d’ivoire, au Mali, au Bénin, au Togo, au Sénégal. Nous sommes aussi très proches des marchés de l’Afrique centrale, de la bourse de Douala et de celle de Libreville. Pour vous dire réellement que nous entretenons de très bonnes relations avec nos frères de l’Afrique dans sa globalité.
Aujourd’hui, comment se porte la bourse de Tunis ?
Malgré une année 2013 très difficile pour la Tunisie, la bourse de Tunis a été un des plus rares compartiments qui a bien fonctionné puisque nous avons introduit 8 sociétés en bourse au début de l’année. Le marché financier a apporté son concours à hauteur de 500.000.000 euros à l’économie de la Tunisie. Nous attendons l’introduction de 4 autres sociétés d’ici la fin de l’année, ce qui porterait le nombre de nouvelles entreprises en Bourse à 12 pour l’année 2013. En ce qui concerne l’année 2014, nous pensons, qu’il y aurait entre 6 et 8 nouvelles introductions.