Il y a d’abord ce chiffre, ritournelle qui revient dans tous les rapports: 2,8%. C’est la part de l’Afrique dans les exportations mondiales.La part de l’Afrique dans le commerce mondial a reculé entre 1970 et 2000, souligne le rapport 2013 de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED), intitulé « Le commerce intra-africain: libérer le dynamisme du secteur privé ». Cette tendance à la baisse a pu être observée dans presque toutes les régions d’Afrique et presque toutes les communautés économiques régionales africaines.
Quid donc du commerce intra-africain? Au cours de la période comprise entre 2007 et 2011, la part des exportations intra-africaines dans le total des exportations de marchandises était en moyenne de 11 % en Afrique alors qu’elle était de 50 % dans les pays en développement d’Asie, de 21 % en Amérique latine et dans les Caraïbes et de 70 % en Europe. En 2011, les pays africains ont échangé pour 130 milliards de dollars soit 11,3% de leur commerce global.
En termes nominaux, la valeur des échanges intra-africains a augmenté, passant de 45,9 milliards de dollars en 1995 à 130,1 milliards de dollars en 2011. Elle a connu une croissance positive chaque année, sauf entre 1998 et 2001 et en 2009. Ces épisodes de croissance négative ont coïncidé avec des récessions mondiales, indiquant que les conditions économiques mondiales peuvent influer sur le commerce intra-africain.
La part minorée de l’informel
L’essor notable du commerce informel en Afrique indique que le volume des échanges intra-africains n’est pas aussi faible que le laissent croire les statistiques officielles. Les participants au débat sur l’intégration régionale en Afrique s’accordent pour dire que le volume des échanges intra-africains est très faible. Ils sont arrivés à cette conclusion en comparant la part des échanges régionaux dans le total des échanges africains avec celle d’autres continents, et ce, sur la base des données officielles disponibles. Cette méthode soulève cependant certains problèmes, car elle ne prend pas en compte le commerce informel qui, dans la plupart des cas, est relativement actif en Afrique. Si l’on ajoutait les échanges transfrontaliers informels aux chiffres officiels sur le commerce intra-africain, on augmenterait la part de celui-ci dans le commerce total.
Source: CNUCED
Les raisons de la faiblesse du commerce intra-africain
D’après la CNUCED, « plusieurs raisons expliquent les piètres résultats de l’Afrique sur le plan des échanges régionaux, notamment le fait que les efforts d’intégration régionale accomplis au niveau du continent ont jusqu’ici été axés davantage sur l’élimination des obstacles au commerce que sur le renforcement des capacités productives dont celui-ci est tributaire. Certes, il importe d’éliminer ces obstacles, mais cette approche n’aura pas l’effet souhaité si elle ne s’accompagne pas de mesures visant à stimuler les capacités d’offre. Parmi les raisons évoquées aussi, la non implication du secteur privé dans les négociations des accords commerciaux.
Une nouvelle approche de l’intégration
Les auteurs du rapport appellent à une nouvelle approche de l’intégration régionale, appelée régionalisme développementiste. « Cette approche exige l’abandon du modèle d’intégration linéaire, qui s’attache exagérément aux processus, en faveur d’une approche plus pragmatique et davantage axée sur les résultats. »