La Bourse du Caire enregistre un étonnant rebond,à sa clôture, mercredi 3 juillet,alors que les bruits de bottes se précisaient. La place cairote a grappillé 0,3% de hausse mettant ainsi fin à un plongeon de 9% sur une longue période de trois semaines consécutive aux incertitudes sur le sort de la révolution du 25 janvier. Lors du départ de Hosni Moubarak, la place avait été suspendue suite au plongeon record de tous les indices. Aujourd’hui, elle jubile.
A noter que durant ce long bras de fer entre pro et anti-Morsi, modernistes laiques et islamo-conservateurs, ce sont les investisseurs étrangers qui ont été nettement vendeurs. Alors que les institutionnels égyptiens et les principaux intervenants du marché ont maintenu leurs positions, espèrant que l »intervention militaire va préserver l’ancrage de l’Egypte dans la modernité.
Le rebond enregistré mercredi confirme aussi le soulagement de la communauté internationale, notamment de Washington et Bruxelles qui n’ont pas condamné ce putsch. Cette main visible de l’armée rappelle étrangement la confiscation de la victoire des islamistes algériens en 1990 ou encore la scission de la Palestine après la victoire du Hamas. Dans les deux cas, les conséquences furent meurtrières. L’Algérie a connu une décennie noire avec plus de 100 000 morts. La Palestine a été divisée entre les conventionnels (Mahmoud Abbas) et les non conventionnels (Mohamed Aniyeh) au sens occidental du terme.
Doit-on dire qu’il y a, en matière de démocratie, les bonnes et les mauvaises victoires? Doit-on se résigner à revenir au choix manichéen entre la sécurité-modernité et l’islamisme? Doit-on dire que le monde arabe doit choisir ses dirigeants, mais dans le bon sens? Est-ce vrai que le printemps arabe revient simplement à enlever, à déshabiller Hosni pour habiller Morsi?
A noter que si la Bourse du Caire marque naturellement son opposition au projet islamiste, le cours du pétrole, lui, avait bondi, craignant que la révolution (ou contre révolution) ne vienne attenter à la circulation du crude oil le long du canal de Suez. Quelque 2,24 millions de barils transitent chaque jour par ce passage artificiel dont la nationalisation par Gamal Abdel Nasser provoqua l’expédition punitive Anglo-britannique de 1956.